Marcoville – Sculpteur de rêves
Jusqu’au 05 février 2011
Galerie Guillaume, 32 rue de Penthièvre 75008, Entrée libre
Voilà longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans une galerie, qui plus est, Rive Droite. Pourtant, avec la galerie Jérôme de Noirmont, la galerie Guillaume, située non loin, vaut le coup d’oeil. Le maître des lieux, Guillaume Sébastien, présente ce mois-ci un artiste dont l’esprit poétique et chaleureux concorde parfaitement avec les fêtes de Noël. Marcoville (né à Boulogne-Billancourt en 1939), réalise des sculptures fantaisistes, qui rendent hommage à la pratique du verre. Dans tous ses éclats.
Pour lutter contre la grisaille qui semble animer ce début de XXIe siècle, Marcoville produit d’immenses sculpures en verre coloré, représentant des personnages issus du monde du spectacle – l’artiste créait auparavant des décors pour le monde du spectacle -, comme Cancan Rose ou Mobile de Nanas.
Dans une démarche de recyclage, propre à de nombreux artistes contemporains (cf. l’expositon Re-Hab à l’Espace Fondation EDF), Marcoville récupère des résidus de matériaux industriels tel le verre. « Même si je ne suis pas maître verrier, j’utilise le verre, celui qui n’est plus bon à rien, je récupère tout ce qui se jette. C’est un jeu de créer à partir de rien. Cela fait partie intégrante de la création. Tout ce qui nous entoure est matière à création, tout peut devenir encore autre chose et c’est amusant, comme une envie de jouer et de rire, comme les enfants », explique-t-il.
Ce verre, il le travaille à la force du poignet, sans feu ni canne à souffler. « Il le frappe, le brise, le raye, le taille et le rouille », commente Véronique Milande, conservateur au Musée National de Céramique à Sèvres, où l’artiste a bénéficié d’une importante exposition en 2001.
Non seulement, Marcoville affronte le verre lorsqu’il est dur mais il complique la tâche encore en multipliant les nombres: banc de dix mille sardines, trapézistes et danseuses par centaines, troncs d’arbres, feuilles et régimes de bananes par milliers.
« Pour exposer Marcoville, il faut faire la queue, confie le galeriste Guillaume Sébastien. J’ai donc patienté quelques années, sagement. Devant moi, il y avait le musée National de la céramique de Sèvres, le musée de Rouen, le musée de Berck sur Mer, le musée Ariana de Genève, le Musée de Saint-Cloud et le musée Glasmuseet à Ebeltoft au
Danemark… et mon tour est enfin arrivé ».
On est charmé par ces figures humaines et animalières joviales, surprenantes par leurs formes et l’explosion de leurs couleurs. Des sculptures qui appellent à l’imaginaire certes, mais qui, constituées des résidus de notre société de consommation, nous ramènent dare dare à la réalité de notre monde, oscillant tristement entre surconsommation, loisirs à gogo, manque de spiritualité forte comme l’exprime l’absence de traits expressifs des visages humains (cf. Geisha, Coco).