Jusqu’au 25 janvier 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-DE-BYZANCE-A-ISTANBUL-DEBYZ.htm]
Galeries nationales du Grand Palais, entrée Clémenceau 75008, 11€
Dans le cadre de la Saison de la Turquie en France, les Galeries nationales du Grand Palais (parallèlement à Renoir) accueillent une exposition emblématique sur la fantasmée Istanbul. Ville mythique par excellence, Istanbul change de nom selon les époques et se façonne au gré de l’évolution de deux puissants empires qui l’élisent comme capitale – byzantin et ottoman. Leur déchéance annonce sa propre chute. Mais, tel un phénix, Istanbul renaît de ses cendres pour devenir une ville cosmopolite, moderne. Européenne?
Successivement appelée Byzance, Nouvelle Rome, Constantinople, Konstantiniyye, puis Istanbul, la ville représente un carrefour terrestre et maritime entre l’Occident et l’Orient. Un atout pour les échanges autant qu’une faiblesse vis à vis de ses voisins belliqueux qui ne manquent pas de l’envahir.
L’exposition débute de manière chronologique avec une évocation des fouilles archéologiques de la grotte de Yarimburgaz, qui témoignent de l’occupation de la future Byzance dès l’ère du paléolithique. A l’époque, une bande de terre traverse le Bosphore, et favorise de fortes migrations d’Asie vers l’Europe.
En -146 av. J.-C., Byzance, qui a déjà subi l’invasion des Perses, des Macédoniens, des Galatiens, des Macédoniens (bis), est finalement rattachée à Rome. Sous l’empereur Adrien, la ville développe son système d’adduction d’eau des bains.
Au IIe siècle ap. J.-C., la ville connaît la splendeur par celui même – Septime Sévère – qui avait ordonné sa destruction, pour avoir soutenu son rival, Pescennius Niger.
Un siècle plus tard, la ville s’épanouit sous le signe de la chrétienneté. Constantin lui donne son nom. Constantinople est consacrée en 330 et est surnommée la « nouvelle Rome ». Marchés couverts, avenues, forums, palais, églises se développent dans une ascension dont le point d’orgue est la construction de Sainte-Sophie, inaugurée en 537. L’exposition présente des mosaïques, des plaques en marbre avec rosaces et éléphant de celle qui est devenue l’une des plus célèbres églises au monde.
En 1054, c’est le grand schisme d’Orient et d’Occident. Un relief incarne cette transition: un côté représente une croix grecque, l’autre des inscriptions islamiques.
Une solution imaginée par le scénographe tchèque Boris Micka (exerce à Séville) pour répondre aux exigences du bâtiment: le palier supérieur de l’escalier qui introduit la seconde partie de l’exposition ne dispose pas de la climatisation et ne peut donc pas recevoir d’oeuvre d’art.
Se proclamant « César de Rome », Mehmet (II) le Conquérant se fait tirer le portrait par le célèbre artiste italien Gentile Bellini. Il s’instruit de lectures scientifiques comme l’atteste le contenu de sa bibliothèque, particulièrement riche en
Leitmotiv de l’exposition et caractères forts de la ville, le cosmopolitisme et la présence de l’eau se retrouvent dans les deux dernières salles. L’une présente sous la forme d’un panorama visuel l’évolution de la ville de la fin du XIXe siècle à aujourd’hui. Au XXIe siècle, Istanbul est confrontée à sa surpopulation. Engorgée – en raison de la présence d’un tissu urbain composé de ruelles tortueuses -, la ville souffre de problèmes de transports et de circulation. D’où l’idée de créer un métro souterrain via le tunnel Mamaray, sous la mer de Marmara, qui doit relier la rive européenne à sa consoeur asiatique. Les travaux ont mis à jour des vestiges du port de Théodose (IVe-VIIe s.), l’un des plus importants de la période byzantine. Dont une embarcation de sept mètres chargée d’amphores encore intactes, d’un plat de cuisson, d’une cruche, de monnaies et d’un panier de noyaux de cerises!
L’exposition pourrait s’apparenter à un véritable plaidoyer pour l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne tant l’accent est mis sur les origines européennes d’Istanbul. Autre aspect sujet à polémique: la présence de pièces provenant des sacs successifs de la ville et donc l’arrivée dans les musées européens d’oeuvres sorties illégalement de leur pays d’origine (cf. les actuels problèmes du musée du Louvre avec l’Egypte…). Mais, d’un point de vue purement artistique, les oeuvres présentées sont époustouflantes, leur mise en scène est réfléchie et soignée. Certaines ont été prêtées à titre exceptionnel (telles celles de l’église Saint-Marc à Venise), arrivent d’horizons aussi lontains que Doha (portrait de Mehmed II) et ne seront accueillies dans aucun autre musée après le Grand Palais. A l’image de la Pinacothèque qui reçoit de manière unique des oeuvres du Rijksmuseum, cette exposition vaut son pesant d’or.