Jusqu’au 11 juillet 2010
Institut Néerlandais, 121 rue de Lille 75007, 6€
L’Hôtel Turgot, qui héberge l’Institut Néerlandais à Paris, abrite de précieux trésors. Comme le révèle l’exposition « Un cabinet particulier », conçue dans le plus grand secret, pour fêter le départ de Maria van Berge-Gerbaud, directrice pour quelques jours encore de la Fondation Custodia. En cet honneur est présentée au public pour la première fois une riche collection d’estampes, rassemblées principalement par l’amateur d’art et premier directeur de la Fondation, Frits Lugt (1884-1970). Une découverte éblouissante.
Les gravures sur bois en clair-obscur (chiaroscuri).
Pour ces gravures, l’artiste réalise plusieurs planches de bois, chacune enduite d’une encre différente. Elles sont conçues à l’origine pour imiter les oeuvres des dessinateurs italiens, d’où la similitude entre cette technique, complexe, et l’art du dessin. Seize gravures de ce type sont présentées dans l’exposition. Parmi lesquelles, celles des Allemands Hans Wechtlich et Hans Baldung Grien, et le chef d’oeuvre de l’Italien Andrea Andreani – Les Prisonniers (septième gravure de la série Le Triomphe de Jules César, 1599) -, gravé d’après Mantegna, sur tissu de soie violette.
La Fondation Custodia dispose de la série entière des portraits composant l’Iconographie de Van Dyck.
Par ailleurs, F. Lugt est friand des premiers essais de tirages d’estampes tel le Portrait de Dirck Volckertsz. Coornhert (vers 1591/92), réalisé par le célèbre maître graveur Hendrick Goltzius, ou le Portrait de l’archiduchesse Isabella Clara Eugenia d’Autriche (vers 1615), gravé par Jan Muller d’après Peter Paul Rubens.
Des artistes français sont également représentés, notamment Robert Nanteuil et Gérard Edelinck qui réalisent l’impressionnant Portrait de Louis XIV (1678-1679).
Citons l’incontournable Pieter Bruegel l’Ancien dont les oeuvres ont été gravées par divers maîtres. Lui-même ne réalise qu’une seule estampe: La Chasse aux lapins (1560) dont le dessin préparatoire est ici présenté aux côtés de la gravure.
Rembrandt, qui touchait à tout, se distingue dans la technique de l’eau-forte. De même que son confrère Jacob van Ruisdael, représenté par Les Voyageurs (vers 1650/55), à peine distincts dans cette étonnante forêt, aux arbres denses, sinueux, voire arrachés comme sous l’effet d’un tourbillon de tempête.
Ces peintres-graveurs hollandais du XVIIe siècle seront la source d’inspiration des artistes du British Etching Revival (XIXe siècle), représenté dans la collection Lugt par James McNeill Whistler et sa splendide marine Rotherhithe (1860).
Une exposition qui clôt brillamment les seize années de Maria van Berge-Gerbaud à la tête de la Fondation Custodia. Elle sera remplacée à partir du premier juin 2010 par Ger Luijten, actuel rédacteur en chef du Hollstein’s Dutch and Flemish etchings, engravings and woodcuts 1450-1700 – ouvrage de référence sur l’art de l’estampe aux Pays-Bas. Prometteur!