Jusqu’au 08 mars 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-LES-ENFANTS-MODELES–MODEL.htm]
Musée national de l’Orangerie, Jardin des Tuileries 75001, 9,50€
Qu’ils étaient sages! Les enfants modèles, qui posaient des heures pour leurs parents artistes – de Renoir, Rousseau, Monet à Arditi, Belmondo, Valls en passant par Denis, Picasso, Sabbagh -, se souviennent de leurs séances de pose imposées à l’âge tendre. Une épreuve plus ou moins douloureuse qui leur vaut aujourd’hui d’entrer par la grande porte du musée de l’Orangerie.
L’exposition « Les Enfants modèles » s’inspire de l’oeuvre de la Comtesse de Ségur*, Les Petites filles modèles, et joue sur le double sens de ‘modèle’. Elle présente, selon un parcours chronologique, l’entourage d’artistes célèbres. Tout en soulignant l’évolution historique de l’art du portrait de famille.
Ce portrait crée la transition avec un carré central composé des jeux de ces enfants: voilier de bassin de Jean Sabbagh (annonçant sa vénération pour la Marine?), cerceau, soldats de plomb, poupées, cheval mécanique de Claude Lévi-Strauss (en quête des Tristes Tropiques?).
Même regard sombre chez Claude Monet qui livre dans Un coin d’appartement une autre vision de l’enfance avec son modèle, isolé dans un salon bourgeois, au milieu de la pénombre.
Les portraits des enfants de Georges Hanna Sabbagh sont rapprochés de ceux de Maurice Denis pour leur utilisation commune des pastels.
La dernière salle est consacrée à des artistes plus proches de notre génération avec les portraits des enfants Belmondo, Arditi et le fils de Xavier Valls.
Pierre Arditi confie sur le même ton de voix qui nous est familier dans ses films: « Ces séances de pose silencieuses sont un souvenir douloureux pour un garçon de cinq ans, qui, comme tout enfant de cet âge, préférait aller jouer dans la rue plutôt que servir de modèle à son père. Surtout aux vues du résultat… Je ne comprenais pas ces trous noirs en guise de yeux. Il m’a fallu du temps pour percevoir ce regard artistique que portait mon père. C’est lui qui nous a appris à avoir un oeil. C’est un cadeau précieux dont je jouis sur le tard ».
« Les Enfants modèles » se concentre sur les images. Peu de mots, hormis quelques citations symboliques comme « Elever des enfants est une entreprise créative, un art plutôt qu’une science » (Bruno Bettelheim) ou « Le génie, c’est l’enfance retrouvée à volonté » (Charles Baudelaire). Ambiance bon enfant – on ne se prend pas au sérieux ici! -, qui invite le visiteur à regarder les oeuvres avec les yeux de sa jeunesse, et histoire de l’art en filigrane font de cette exposition originale une réussite.
A noter: dans l’auditorium, un film de 25mn présente les entretiens réalisés avec les descendants des artistes – sorte de making-off de l’exposition.
* La Comtesse de Ségur résida dans l’actuelle musée Henner (XVIIe arrondissementt) qui vient de rouvrir ses portes. Hôtel particulier où vécurent également « le club des cinq », comme les appelle Emmanuel Bréon, c’est à dire les enfants de Guillaume Dubufe, à qui le commissaire est lui-même apparenté.