Du 14 octobre au 09 novembre 2010
Maison Guerlain, 68 avenue des Champs-Elysées 75008, Entrée libre
L’ennui avec les événements récurrents est de trouver un angle original chaque année! Pour la Fiac 2010, qui a lieu cette année du 21 au 24 octobre, je me suis penchée sur le Parcours Privé. Réservé aux VIP le temps de la Fiac, ce parcours offre à quelques privilégiés la possibilité de découvrir des endroits d’exception, ponctués d’expositions. Cela ne m’aurait pas intéressée si certains de ces lieux historiques n’ouvraient pas également leurs portes au public. Tel est le cas de la Maison Guerlain qui propose pour la cinquième année consécutive une exposition d’art contemporain d’envergure dans un écrin luxueux: « Bee Natural! »
N’en déplaise aux mauvaises langues, il ne s’agit pas pour cette prestigieuse marque de parfum d’attirer le chaland en surfant sur la vague artistique, comme le pratiquent de nombreuses enseignes commerciales.
La Maison a une réputation à tenir. Devenu parfum officiel de la cour impériale en 1853, lorsque Pierre-François-Pascale Guerlain crée l’Eau de Cologne Impériale pour l’Impératrice Eugénie, le parfum Guerlain a depuis lors cultivé son statut d’exception.
C’est ainsi que le fameux flacon abeille (bee en anglais) est devenu emblématique de la marque. Et aujourd’hui, 2010 ayant été décrétée année de la biodiveristé par les Nations-Unies, le thème de l’abeille a été choisi par la commaissaire Caroline Messensee, assistée de Lorraine Audric, pour cette cinquième exposition d’art contemporain à la Maison Guerlain.
« Bee Natural » présente une quinzaine d’artistes, tous de renommée internationale ou au moins nationale. Citons les photographes japonais Nobuyoshi Araki (né en 1940) et française Sabine Pigalle (née en 1963), l’artiste espagnol José-Maria Sicilia (né en 1954), le couple français Anne et Patrick Poirier (nés respectivement en 1941 et 1942). Jan Fabre (né en 1958 à Anvers) a également été sélectionné mais la lourdeur de sa sculpture The Bee Keeper (L’Apiculteur) pose à l’heure actuelle quelques problèmes techniques de suspension!
Deux contraintes définissent l’organisation des expositions de la Maison Guerlain: « Faire correspondre les oeuvres au lieu et développer une thématique le plus possible en lien avec la marque », explique en préambule Caroline Messensee.
Ce qui a donné les années précédentes: « L’Insolence » (avec la présence de Ghada Amer, Sylvie Fleury, Shahryar Nashat), « Miroir, mon beau Miroir » (Philippe Mayaux, Flavio Favelli, Patty Chang), « Le Renouveau du Temps » (Louise Bourgeois, Jeff Koons, Laurent Grasso), « Mécaniques Amoureuses » (Sophie Calle, Annette Messager, Martin Parr, Rebecca Horn).
Le thème de 2010, plus figuratif, n’apporte pas moins son lot de réflexion abstraite. Car que représente l’abeille, si ce n’est l’avenir de l’homme sur terre?
D’où l’idée de Marie Denis (née en 1972, dans l’Ardèche) de travailler avec du pollen frais, encore actif. Avec Spray spirit (2010) – objet performatif -, elle a conçu un grand flacon à l’ancienne, à pompe, qui diffuse du pollen afin que les visiteurs soient potentiellement vecteurs de pollen et donc fertilisateurs.
Janina Tschäpe (née en 1973 à Munich), exprime son rapport à la nature en recherchant la symbiose originelle. Dans Glandulitera Maris (2005), elle se met en scène au coeur d’un arbre, engluée dans les tentacules d’un corps mutant. Son travail est une « célébration de l’énergie de la nature, une évocation de sa puissance merveilleuse et dangereuse à la fois. »
Thomas Monin (né en 1973), ancien assistant de Chen Zhen (1955-2000), travaille sur le rapport contradictoire entre l’homme, son besoin de se reproduire, et sa relation destructrice envers la nature. Pour « Bee Natural », il jumelle des ruches, symboles de vie sur terre, (Deformis formositas ac formosa deformitas, 2009). Car s’il fallait conserver quelque chose du monde humain pour le perpétuer, il faudrait placer des abeillles dans une ruche.
Collaboratrice d’Helmut Newton pendant quatre ans, Sabine Pigalle (née en 1963) revisite les figures des saints et divinités, dans des oeuvres épurées et oniriques. C’est tout naturellement qu’elle a choisit pour cette exposition Saint Ambroise, protecteur des apiculteurs et donc des abeilles.
Dans un univers plus ambigu, Candida Romero (née en 1966 à Paris, au sein du célèbre atelier montparnassien La Ruche), réalise Fillette aux frelons. Elle recycle une photographie ancienne représentant une petite fille à l’air innocent sur laquelle elle colle des morceaux de (vrais) nids de frelons – « des sculptures en soi », selon l’artiste. Mais, le frelon constitue l’ennemi héréditaire de l’abeille…
L’exposition favorise l’aspect multiforme de l’art contemporain en présentant aussi bien des peintures, dessins et sculptures que des vidéos, installations, et performances. Si le thème de l’abeille pouvait ne pas paraître évident à traiter, les artistes exposés s’en sortent avec les honneurs!
Et pour les visiteurs qui soudain découvriraient l’importance de Maya l’abeille, vous pouvez consulter ces sites qui proposent de parrainer des ruches: Un toit pour les abeilles, 26 rue du miel ou encore Parti Poétique.
Notez enfin que Guerlain propose non pas de cultiver son miel, même si les usines Guerlain disposent de leurs propres ruches car le miel intervient dans la composition de certains de leurs produits (cf. la nouvelle gamme « Abeille royale »), mais d’apprendre à créer son parfum au cours d’un atelier de deux heures pour adultes ou enfants. Pour plus de renseignements, appelez la Maison Guerlain au 01.45.62.52.57 ou cliquez ici.
Ping :Fiac Hors Les Murs