Jusqu’au 2 mars 2014
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Musée Cognac-Jay, 8 rue Elzévir, Paris III
Le musée du XVIIIe siècle de la Ville de Paris ou musée Cognac-Jay présente une étonnante exposition sur le siècle d’or de l’éventail. Autant vous avouer que le carton d’invitation au vernissage a longtemps traîné au-dessous de ma pile! Mais je ne regrette pas ma visite…
Pour commencer, il est toujours agréable de se rendre dans ces petits musées intimistes, à l’écart du temps et du brouhaha de la ville. Ensuite, les quelques 70 éventails exposés sont d’une rare finesse.
A la fois familier et méconnu, l’éventail constitue un accessoire emblématique de l’Ancien Régime. Objet de mode et d’art, il allie savoir-faire artisanal (interviennent peintres, tabletiers, colleuses et plisseuses) et modernité, les thèmes évoluant au gré des goûts de l’époque.
Importé d’Asie à la Renaissance, au milieu des cargaisons d’épices et de soies, l’éventail est adopté en France sous le règne de Louis XIV. Il devient alors un objet illustrant la gloire du pouvoir. Les sujets illustrent le rattachement de la Lorraine à la France (1766), la naissance du dauphin Louis-Joseph (1781), un festin royal, un mariage par allégorie (Cléopâtre et Marc-Antoine) ou encore l’idéalisation de la nature chère au siècle des Lumières.
Le panorama parisien est représenté à travers le Louvre, la fontaine de la Samaritaine, le Pont-Neuf. Madame de Sévigné offre ainsi un éventail à sa fille et lui écrit : « Voici le plus beau des éventails […] Divertissez-vous à le regarder avec attention ; recevez la visite du Pont-Neuf, votre ancien ami, […] je n’ai rien vu de si joli » (1672).
Les décors suivent la production des peintres à la mode (Boucher, Watteau, Le Brun, Coypel, Lemoyne) et participent à la diffusion de l’art français en Europe. Ils sont aussi surprenants que les montures en nacre ou ivoire, souvent rehaussées de feuilles d’or et serties de pierres précieuses.
Voir des éventails dans ces conditions est finalement chose rare!