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Entre mode et art: la couture de JC de Castelbajac

Gallierock par Jean-Charles de Castelbajac

Jusqu’au 29 juillet 2006

Musée Galliera, 10 avenue Pierre 1er de Serbie 75116, 01 56 52 86 00, 7€

Première exposition en France consacrée au couturier Jean-Charles de Castellbajac (JC/DC), Gallierock fait suite à l’hommage londonien que lui avait offert le Victoria & Albert Museum (Popaganda, 2006). Pour combler son retard, le musée de la Mode de la Ville de Paris offre à l’artiste carte blanche.


Avec des noms de défilés (ou d’expositions) aussi inventifs que la mode de cette star à renommée internationale – JC de Castelbajac ne compte plus ses fans à travers le monde, notamment au Japon grâce à sa customization de la célèbre Hello Kitty – cette exposition ne pouvait que s’annoncer délurée, rock, et fantastiquement créative.

« Je veux faire, comme l’a dit Rimbaud une exposition ‘absolument moderne’, où la mémoire, la trace et l’émotion (traduites par des archives historiques du musée) rencontreront une énergie actuelle et visionnaire. »

Pour donner le ton, le visiteur entre dans une salle carrée emplie de sound system et de miroirs avec au centre un Rubik’s cube géant, clignotant de couleurs survitaminées. Il s’agit en fait d’une oeuvre commandée par la FIAC en 2006 à Jean-Charles de Castelbajac. Un cube lumineux et coloré qui synthétise les différentes sources d’inspiration de l’artiste: le design et son goût pour les formes géométriques, l’humour, l’art, l’histoire et la musique, « Je suis un artiste pop qui fait des robes », ironise-t-il.

L’artiste a donc un rapport particulier à l’histoire, notamment celle des blasons et des drapeaux. En atteste la deuxième salle de l’exposition, conçue comme un cabinet de curiosités, qui présente des objets chargés émotionnellement pour JC/DC. Comme le médaillon en argent contenant une mèche de cheveux de Marie-Antoinette (Musée Carnavalet, Paris), la robe de chambre de Napoléon portée à Sainte-Hélène (Musée national de Malmaison et Bois-Préau). Ou la célèbre chasuble que JC de Castelbajac a imaginé pour le Pape Jean-Paul II, en 1997. « J’ai toujours aimé l’histoire au travers du vêtement. Le grand instant délectable a été de plonger dans les archives de Galliera: on m’ouvrait des tiroirs et je voyais sortir des fantômes… »

La grande galerie représente « la salle du trône », ambiance décalée forcément kitsch. Une plongée médiévale, revisitée à la sauce Rock, additionnée de piment Hip Hop. Tapis rouge à ses pieds, le visiteur visionne de pseudo armures remplacées par des robes-tableaux (ex.: manteau Ingres et La Tour, 1992/93), des robes-objets (ex.: robe Coca-Cola, 1984), des robes-littérature (robe Le Petit Prince, Astéroïde, 1995), des robes-hommage (ex.: robe Marilyn Monroe, 1983/84). Surmontées de photographies du duo britannique Tim & Barry, là où on aurait pu s’attendre à de poussiéreux portraits d’ancêtres. Décalage et humour, dérision et générosité, un peu de folie aussi…telle est la rançon du succès de JC/DC.

Enfin, la grande salle opère un retour dans le futur avec une déco urbaine, futuriste, métallique, pour mettre en valeur 40 ans de création, sans cesse renouvellée par des camouflages (ex.: robe Je monte à Paris, 2000/01), des associations d’idées (ex.: veste l’Arche de Noé, 1988/89), des détournements (ex.: manteau Doudoune Couette, 1988/89), des accumulations (ex.: perfecto Accumulation de gants, 1981/82), des surdimensions (ex.: veste Oversize, 1984/85), de l’air (ex.: robe Parachute, 1998), des héros de cartoons (ex.: pull Betty Boop, 1989/90), des drapeaux (ex.: manteau British flag, 2006/07). Sans oublier la déco des murs: papiers peints Toile de Jouy, tickets de caisse, etc.

Il ne s’agit pas d’une exposition sur JC/DC mais imaginée par JC/DC. D’où une expérience intense et inimitable. « J’ai envie de susciter l’émerveillement, de provoquer sans choquer », confie JC/DC. Objectif atteint…peut-être trop car on aurait envie d’en voir plus encore!

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