Une histoire de la peinture chinoise au 20e siècle
Jusqu’au 19 février 2023
#ExpoEncreEnMouvement
@MuseeCernuschi
Musée Cernuschi, musée des arts de l’Asie de la Ville de Paris, 7 avenue Vélasquez, Paris 8e
Le musée Cernuschi expose une sélection d’oeuvres chinoises qui reflètent sa politique d’acquisition des soixante-dix dernières années. Peintures traditionnelles, esquisses révolutionnaires, encres abstraites et expérimentales témoignent de l’étonnante vitalité de l’usage de l’encre. Superbe !
La collection de peinture chinoise du musée Cernuschi, initiée à partir des années 1950, comprend plusieurs centaines d’oeuvres, aussi bien de maîtres actifs en Chine comme Qi Baishi, Fu Baoshi, Wu Guanzhong, Li Jin, que de peintres expatriés tels Chang Dai-chien, Zao Wou-ki, Walasse Ting ou encore Ma Desheng.
La première partie du parcours présente des oeuvres marquées par le renouveau de l’art calligraphique et pictural à l’aube de la république populaire de Chine (1912). Kang Youwei (1858-1927) s’éloigne des modèles classiques tirés de l’écriture élégante des lettrés fonctionnaires, pour adopter un style archaïque qui s’inspire des stèles antiques.
Le trait de Qi Baishi (1863-1957) se fait plus dense tout en recherchant une simplification des formes qui confère une grande modernité à ses oeuvres (Poissons, 1947).
Ding Yanyong (1902-1978) force le trait et ajoute une touche de couleur rouge – inspirée de la palettes des artistes occidentaux – qui tranche avec le noir de l’encre (Après la pluie, vers 1940).
C’est au Japon que l’élite chinoise se forme aux techniques occidentales, et appréhende la peinture nihonga, qui allie art local et apports étrangers. Mais à partir des années 1930, les artistes chinois préfèrent regarder vers leur propre tradition picturale car la Chine est en lutte contre le Japon. Ils revisitent le genre des fleurs, des oiseaux et du paysage. Citons Chang Dai-chien (Gibbon d’après Li Sheng, 1945) et Yu Fei’an (Pivoines, 1947), qui introduisent tous deux des couleurs étonnantes dans leurs oeuvres (respectivement un vert lumineux pour la végétation, et un rouge pourpre pour la carnation de la fleur).
L’offensive japonaise de 1937 contraint la capitale chinoise et les écoles des beaux-arts à se replier vers l’ouest du pays. Les artistes entrent en contact avec les populations locales telles les hommes et femmes Miao, qui deviennent chez Pang Xunqin (1906-1985) un motif folklorique. Chang Dai-chien découvre pour sa part les peintures murales de l’ancien site bouddhique de Dunhuang, où il s’installe entre 1941 et 1943, et remet au goût du jour la peinture de personnages du Ier millénaire (Deux Tibétaines aux dogues, 1945).
Une section s’intéresse aux recherches académiques des étudiants chinois venus en Europe, notamment à Paris à partir des années 1920, et leur assimilation du nu, choisissant d’utiliser non pas le crayon mais l’encre et parfois les couleurs sur papier. Ainsi de Pan Yuliang (1895-1977) et Chang Yu dit Sanyu (1895-1966).
Peintures à thématique révolutionnaire et approche de l’abstraction forment les deux dernières parties du parcours. Zao Wou-ki (1920-2013) et Chu Teh-Chun (1920-2014) abordent le langage abstrait dans les années 1950, à l’huile puis à l’encre. Le résultat forme une synthèse des techniques orientales et occidentales contemporaines. Mais l’un des artistes le plus audacieux se nomme Walasse Ting (1928-2010), actif à Shanghai, Paris, New York et Amsterdam. Il reproduit des figures à l’encre d’une simplicité formelle innovante tout en y ajoutant du dripping coloré (Beauté, 1970) ; le résultat est saisissant !