Jusqu’au 28 janvier 2013 – Prolongation jusqu’au 3 février 2013
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Galeries nationales du Grand Palais, entrée Champs-Elysées, Paris VIII
Première grande rétrospective de l’artiste américain Edward Hopper (1882-1967), l’exposition du Grand Palais présente de manière chronologique son travail – seul moyen d’exposer Hopper tant son art est irréductible au classement segmentaire de l’histoire de l’art!
Qualifié tour à tour de romantique, réaliste, symboliste, voire de formaliste, Edward Hopper ne rentre en vérité « dans aucune case », s’exclame Didier Ottinger, commissaire de l’exposition. C’est précisément la complexité de son oeuvre – derrière l’apparente simplicité des sujets traités – que dévoile cette exposition.
Suivant un parcours fluide, avec beaucoup d’espace entre les oeuvres et peu de cartels à vous assommer le crâne, le visiteur découvre l’oeuvre originale d’Edward Hopper, le plus parisien des peintres américains.
L’exposition débute par les influences d’Hopper dans ses années de formation. En particulier ses trois séjours à Paris : en 1906 où il passe près d’une année, puis en 1909 et 1910. Le peintre représente les vues de la Seine (inspirées d’Alfred Marquet), l’architecture de la ville, sublimée par la lumière si particulière de la capitale. Mais pas ses habitants. Il ne les croque que dans quelques dessins qui relèvent plus de la caricature, à l’image d’un Daumier. Hopper porte sur les Parisiens une tendresse amusée que l’on retrouvera ultérieurement dans French Six-Day Rider (1937), qui représente un cycliste du Tour de France telle une marionnette, se reposant de ses efforts dans une boîte de théâtre de guignol. Dans cette oeuvre, Hopper « fait de l’inaction, de l’abattement du sportif un nouveau manifeste de ‘résistance’ à la culture de la vitesse, de l’énergie débridée, associée à la trépidante Amérique », commente D. Ottinger. Thème critique que l’artiste ne cessera de développer dans ses oeuvres, une fois de retour à New York. Nourri par la pensée du philosophe Ralph Waldo Emerson (1803-1882), figure emblématique du transcendantalisme.
Le style Hopper se façonne également de part son admiration pour Degas, qui restera sa référence ultime et lui inspire des angles de vues originaux, une certaine « théâtralisation du monde ». Il partage avec Félix Valloton son goût de la lumière vermeerienne et, avec Walter Sickert, l’iconographie des lieux de spectacle.
Fondamentale est l’influence de son maître Robert Henri à la New York School of Art, dont il retient l’importance de Manet, qui était selon lui « un pionnier. Il ne faisait que suivre ses propres convictions. Il disait au public ce qu’il voulait lui faire entendre, et non les vieilles idées ressassées que celui-ci déjà et qu’il ne se lassait pas d’entendre », martelait le maître à ses élèves.
C’est pourtant la gravure qui permet à Hopper de « cristalliser » son art, selon ses propres mots. Elle lui permet de créer un lien entre ses illustrations commerciales – métier alimentaire qu’il dénigrait – et la peinture. La gravure lui offre les contrastes lumineux qu’il recherche, l’expressivité des personnages, souvent plongés dans leurs pensées (Morning in a City, 1944 / Morning Sun, 1952 / Excursion into philosophy, 1959).
Mais la quête essentielle de Hopper réside dans la représentation de la lumière : « Je crois que l’humain m’est étranger. Ce que j’ai cherché à peindre, ce ne sont ni les grimaces ni les gestes des gens ; ce que j’ai vraiment cherché à peindre, c’est la lumière du soleil sur la façade d’une maison », a révélé un jour Hopper. En atteste Sun in an empty room (1963). Sans oublier les bleus lumineux et spirituels de Soir Bleu (1914) et Ground Swell (1939).
L’exposition se clôt sur Two Comedians (1966), dans lequel le clown fait figure d’alter ego de Hopper et qui résume tout son art (angle original, regard intimiste sur une scène par un cadrage serré sur les personnages, contraste entre l’arrière-plan sombre et la blancheur des costumes, primat de la couleur verte pour le décor de la scène à droite de la toile).
Art sensuel et lumineux, dans la veine impressionniste française, l’oeuvre d’Hopper se situe pourtant résolument dans la tradition américaine par la représentation de scènes locales (maisons de Gloucester). Ce qui lui apportera – enfin – la reconnaissance de ses compatriotes.
Je serais très curieux de savoir si on montrait les toiles de Hopper sans cet énorme battage médiatique autour de sa » lumière » ce qu’il en ressortirait ? Dans un salon, sans l’aide des critiques je suis certain qu’il n’aurait pas le moindre succès. pour moi, c’est un peintre sans grande envergure qui a eu la chance d’avoir de très bonnes relations. mais j’admire les critiques qui parviennent à sortir des théories extraordinaires sur bien peu de chose.
Avis très personnel bien entendu.