Du No à Mata Hari

Ravana, démon à dix têtes, roi de Lanka. Théâtre Kathakali Inde, Kerala, 19702000 ans de théâtre en Asie

Jusqu’au 31 août 2015

[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee—Exposition-DU-NO-A-MATA-HARI-GUINO.htm]

Catalogue de l’exposition : 

Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris XVI

Deux mille ans d’histoire théâtrale en Asie nous est contée au musée Guimet. A travers une sélection de costumes et de masques, érigés en oeuvre d’art à part entière.

Costumes chatoyants et codifiés du théâtre indien, kimonos et masques de nô japonais, robes de l’Opéra de Pékin, marionnettes et théâtre d’ombre de la Chine et de l’Asie du Sud-Est (Cambodge, Thaïlande, Indonésie) composent ce panorama original.

Ensemble de marionnettes. Théâtre Wayang golek, Indonésie. XXe siècle. Bois peint et doré, coton imprimé (c) RMN-Grand Palais (musée Guimet, Paris) / Thierry Ollivier

Les acteurs, masqués ou maquillés, incarnent des divinités, animaux ou personnages. Le costume et le masque sont d’autant plus importants qu’ils remplacent les décors. Ils doivent renseigner le public dès le premier regard sur la nature ou le statut social d’un personnage, indiquer là où il se trouve, et la période de l’année voire l’heure du jour où se déroule l’action.

Robe de princesse pour Le Mahabharata mis en scène par Peter Brook. Costume réalisé par Chloé Obolensky. Textile, soie et coton brodés, miroirs © Museu do Oriente/Lisboa/Portugal

Selon le metteur en scène britannique Peter Brook, qui a créé une célèbre version de l’épopée indienne le Mahabharata (1985), « le masque est un portrait de l’âme, une enveloppe extérieure reflétant à la perfection et avec sensibilité la vie intérieure ». L’acteur qui porte un masque incarne la personnalité du dieu ou de l’individu qu’il joue, concrétisant ainsi son pouvoir. L’acteur disparaît même parfois complètement au profit de marionnettes articulées ou de simples silhouettes découpées dans du cuir dont les spectateurs ne voient que les ombres projetées.

Personnages pour la pièce "L’Investiture des dieux" . Chine, Sichuan ?, XIXe siècle. Peau de bovidés © João Silveira Ramos/ Museu do Oriente/Lisboa/Portugal

A l’inverse de l’Europe, les théâtres d’Asie ont très souvent des racines religieuses, même s’ils ont su prendre leur indépendance et s’éloigner de leur fonction rituelle pour devenir un véritable divertissement. Mais cette origine explique sans doute la dimension invraisemblable de ces arts scéniques qui mettent en scène encore aujourd’hui dieux, démons et esprits. « Et si certains relatent des histoires humaines, à l’instar des pièces de kabuki qui rappellent les vaudevilles européens, ou les pièces criminelles chinoises, la voix et les mouvements sont délibérément irréalistes et désincarnés », commente Aurélie Samuel, une des commissaires de l’exposition (responsable des collections Textiles, MNAAG).

Photographie de Suzanne Held. Opéra de Pékin, scène réunissant les personnages de l'opéra "Troubles dans le royaume du ciel", 1983 © Suzanne Held

Des toutes premières représentations constituées par les substituts funéraires de terre cuite (minqi) montrant des danseurs et acrobates dans la Chine des Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.) aux paysages d’Itchiku Kubota imprimés sur des paravents géants en forme de kimonos, c’est l’art de jouer, mimer et danser en Asie qui s’est dévoilé sous mes yeux enchantés !

Itchiku Kubota (1971 -2003), Symphonie de Lumière Uzu, Magma tournoyant dans la fournaise. Japon, 2006. Teinture à réserve ligaturée, encre, broderie sur crêpe soie, fils métalliques (c) International Chodiev Foundation

A voir également dans la bibliothèque du musée la projection du spectacle de « Danses Brahmaniques » assurées par Margaretha Zelle, dite Mata Hari (« soleil levant en malais ») invitée à se produire par Emile Guimet (1905), conservateur du musée. Dès le lendemain, dans La Vie parisienne du 14 mars 1905, on peut lire : « Dans la rotonde du musée aménagée en temple indien et décorée de guirlandes à fleurs, à la lueur mouvante des chandelles, nous apparaît Mata Hari, flanquée de quatre suivantes en toges noires […] elle laisse tomber ses voiles pour offrir à Siva la passion qui la brûle, la même émotion étreint l’assistance. » Forte de ce succès, la jeune femme aura une fin de vie pourtant moins acclamée…

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