Jusqu’au 13 avril 2008
[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-et-conference-VISITE-GUIDEE-ALEXANDRE-CHARPENTIER-VGCHA.htm]
Musée d’Orsay, niveau 2, 1, rue la Légion d’Honneur 75007, 01 40 49 48 14, 8€
Moins connu que Hector Guimard (architecte de l’habillement du métro parisien, 1867-1942), Emile Gallé (1846-1904) de l’Ecole de Nancy ou encore Antoni Gaudi (1852-1926), Alexandre Charpentier (1856-1909) participe pourtant au même titre que ses confrères à l’émergence de l’Art Nouveau au début du XXe siècle. Le musée d’Orsay lui consacre une fascinante rétrospective.
L’artiste connaît une carrière brève mais accomplie, son premier succès datant de 1883 avec un bas-relief en plâtre, Jeune mère allaitant son enfant – sorte de Vierge à l’Enfant moderne. Une oeuvre achetée par l’Etat qu’il démultiplie ensuite en divers matériaux (bronze, argent, étain, grès cérame, biscuit…) et plusieurs dimensions (de 8 cm à 1,50 m de haut). Ce motif de la Jeune mère représente aujourd’hui l’oeuvre la plus répandue de Charpentier.
Mais l’apogée de sa carrière survient en 1900/1 lorsqu’il reçoit le Grand Prix de l’Exposition Universelle. Rodin en personne préside le banquet donné en son honneur.
Deux personnalités ont permis à Charpentier de sortir de l’ombre: le dramaturge français André Antoine et l’avocat belge Octave Maus.
Simple employé du gaz, André Antoine fonde le Théâtre-Libre en 1887, pour briser les conventions théâtrales, qui se limitent alors à de simples déclamations sur fond de carton-pâte. Antoine veut privilégier les auteurs avant-gardistes tels le Norvégien Henrik Ibsen (1828-1906) et le Suédois Auguste Strindberg (1849-1912), père du théâtre moderne. Lors des répétitions, Charpentier esquisse les portraits des membres du Théâtre-Libre pour en faire des médaillons qu’Antoine accroche dans le local (96, rue Blanche, Paris 9e ). Dès 1888, plusieurs de ces esquisses sont exposées au Salon. Une partie de cette collection repose depuis 1967 au musée de la Monnaie.
En 1890, le Salon des Artistes français se voit concurrencer par un Salon dissident, la Société nationale des Beaux-Arts (SNBA); ce qui engendre l’éclatement du monopole du Salon officiel et favorise la création des galeries d’art, telles que nous les connaissons aujourd’hui. La SNBA dispose d’une section « arts décoratifs », mise à l’honneur – contrairement au Salon officiel, qui juge les arts décoratifs comme des arts mineurs au regard de la Peinture et de la Sculpture. Alexandre Charpentier y expose avec succès des objets et petits reliefs en bronze, étain, cuir, papier gaufré (1891). Et, un ambitieux relief en céramique, Les Boulangers (1897).
Même accueil au Salon des XX, fondé par Octave Maus. Les amateurs et les musées belges s’arrachent les oeuvres de Charpentier, qui expose également dans de nouveaux lieux comme la galerie de Siegfried Bing, L’Art Nouveau, ou à la Maison Moderne de Julius Meier-Graefe.
Fréquentant les néo-impressionnistes et les anarchistes (Pissaro, Signac, Luce, Van Rysselberghe), Charpentier fonde son propre groupe qui s’intitulera Les Cinq, puis Les Six, et finalement L’Art dans Tout. Il rassemble des sculpteurs, des architectes, des potiers, des dessinateurs, qui exposent à la galerie des Artistes modernes (rue Caumartin, Paris 9e).
L’exposition occupe les salles du niveau médian, qui viennent d’être rénovées, de part et d’autre de la nef. Elle se poursuit de manière fluide dans les sections Art Nouveau et Symbolisme du musée. Une manière ingénieuse de nous faire revivre une section de l’histoire de l’art, du Naturalisme (Renaissance) au Symbolisme (fin XIXe siècle).