… A l’époque victorienne – Collection Pérez Simon
Jusqu’au 20 janvier 2014
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Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, Paris VIII
Le collectionneur Juan Antonio Pérez Simon aime les portraits de femmes. Nous en avions déjà eu un bel aperçu lors de l’exposition de sa collection des maîtres espagnols de Greco à Dali (2010), au musée Jacquemart-André. Aujourd’hui, ce dernier présente sous ce même angle féminin « Désirs et Volupté à l’époque victorienne ».
Tour à tour muse, héroïne, diablesse, la femme fantasmée par les artistes du XIXe siècle se libère de la rudesse d’une Angleterre en pleine révolution industrielle.
Aux carcans qui entravent les femmes s’opposent des corps libres, fluides, aériens. A l’urbanisation du paysage anglais se substituent des décors gréco-romains ou orientaux somptueux. A la rigueur puritaine de l’ère victorienne (1837-1901) se profilent en filigrane des pensées amoureuses, voire adultères.
Le point commun de la cinquante d’oeuvres présentées réside dans la quête esthétique des artistes qui font de la beauté un absolu, autant pour le contenu de leur toile que pour l’intérieur de leurs maisons.
Lawrence Alma-Tadema (1836-1912) dont treize tableaux sont présentés, reflète l’engouement de la société victorienne pour l’Antiquité. Une nostalgie de l’Age d’Or, alimentée par les fouilles archéologiques qui livrent ses trésors au British Museum. Alma-Tadema peint beaucoup de petits formats pour des intérieurs bourgeois et quelques grands formats dont l’exceptionnel Les Roses d’Héliogabale (1888). La puissance de cette oeuvre résulte de la richesse décorative et de la tension dramatique : le jeune empereur qui a régné de 218 à 222 regarde ses courtisans mourir étouffés sous une pluie de roses (dans l’Histoire, des violettes).
Si Alma-Tadema se passionne pour l’Antiquité gréco-romaine, Frederick Goodall (1822-1904) s’éprend de l’Egypte ancienne.
Frederic Leighton (1830-1896), futur président de la Royal Academy of Arts, s’inspire de la statuaire antique pour sa quête d’art pour l’art. Point d’orgue de ses Jeunes Filles grecques ramassant des galets sur la plage (1871), dont les formes rondes évoquent les canons romains : le mouvement des corps qui se penchent, rehaussé de celui des drapés épousant la ronde des vents.
Albert Joseph Moore (1841-1893) défend également l’art pour l’art et peint des femmes, vêtues de tissus diaphanes (Coquillages, 1875). Dans Le Quartet (1868), il donne un rythme musical à sa composition (alternance de noires et blanches), qui devient une partition suggérant l’harmonie.
Edward Coley Burne-Jones (1833-1898) développe un goût particulier pour les beautés anglaises, leur peau laiteuse et leur chevelure rousse. Séduisante, faussement ingénue, voire fatale, ses femmes sont issues du roman gothique et des poèmes de Tennyson.
John Everett Millais (1829-1896) se passionne plutôt pour les contes et paysages écossais (La Couronne de l’amour, 1875).
L’exposition se termine sur le nu, qui devient un genre à part entière dans la peinture anglaise à partir de la seconde moitié du XIXe siècle. Andromède (1869) d’Edward John Poynter et Crenaia, la nymphe de la rivière Dargle (vers 1880) de Leighton en sont deux exemples sublimes.
Une exposition qui permet de découvrir des oeuvres réapparues sur le marché de l’art dans les années 1990 seulement. Et qui fait pâlir d’envie les Anglais, selon la commissaire Véronique Gerard-Powell, spécialiste de la collection Pérez Simon, car les musées nationaux anglais n’ont pas le droit d’exposer une collection privée. Savourez votre chance!