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S’asseoir, se coucher et rêver

Design en Afrique

Jusqu’au 14 juillet 2013

Musée Dapper, 35bis rue Paul Valéry, Paris XVI

 

 

 

L’exposition « Design en Afrique », présentée au musée Dapper, interroge le rôle des artefacts destinés à supporter le corps. Tabouret, fauteuil, appuie-tête n’ont pas seulement pour vocation de s’asseoir, se coucher et rêver. Ils symbolisent également le statut social de leurs utilisateurs et facilitent les échanges avec l’esprit des ancêtres. Décryptage.

 

Emblème du pouvoir, le siège fait partie, encore aujourd’hui, des pièces qui suivent le chef dans ses déplacements. A la mort d’un dirigeant, sa mémoire est perpétuée en noircissant son siège avec du sang de poulets sacrifiés. Le siège rejoint ensuite celui de ses prédécesseurs auxquels un hommage est rendu dans une sorte de sanctuaire.

Chez les Asante (Ghana), un proverbe dit « il n’est pas de secret entre un homme et son siège ». Car l’objet hébergerait une partie de l’âme humaine. De là viendrait l’habitude d’incliner un siège inoccupé contre un mur pour qu’il ne soit pas dénaturé par des esprits indésirables.

Chez les Dogon (Mali), lors de la cérémonie du sigui, les participants sont assis sur un « siège de masque », décoré de figures mythiques ; ce qui favoriserait la communication des fidèles avec l’autre-monde.

De même, le repose-tête que l’on place sous la nuque pour s’allonger à même le sol ou sur une natte, a pour fonction de protéger le dormeur des forces maléfiques pendant son sommeil et de faciliter ses rêves.

Face aux pièces artisanales sont exposées des oeuvres contemporaines, toutes inspirées des traditions millénaires dont s’inspirent toujours les designers. Ainsi, Jules-Bertrand Wokam (né en 1972 au Cameroun) crée un Tabouret Tombouctou, dont les tenons décoratifs rappellent les morceaux de bois en saillie de la façade de la mosquée de Jingereber.

Le Fauteuil Sie de Vincent Niamien (né en 1956 en Côte d’Ivoire) reprend le style du mobilier traditionnel africain avec un haut dossier composé de deux parties élancées tandis que l’assise est très basse. Cette oeuvre élégante a remporté le Grand prix du design de la Biennale d’art africain contemporain de Dakar (Dak’Art 1996).

A l’inverse, d’autres artistes détournent les codes symboliques de leur culture pour en critiquer les travers. Iviart Izamba (né en 1974 en RDC) utilise la prestigieuse parure de léopard que Mobutu ne quittait jamais pour en revêtir un fauteuil ressemblant à un pousse-pousse en ferraille.

Alassane Drabo (né en 1968 au Burkina Faso) réalise une commode représentant le continent africain et invite ses compatriotes à régler leurs problèmes internes. Ses nombreux tiroirs semblent vouloir dire que « l’Afrique doit se ranger elle-même ».

Même ironie sous-jacente dans les photographies de Daniel Lainé qui représente les relations des hommes avec le monde surnaturel. On ne peut que rire gentiment devant l’image de Nana Philip Kodjo Gorkelu sur son « palanquin Mercedes » (une voiture en bois porté par ses sbires).

Une belle exposition, où de magistrales pièces ancestrales côtoient l’ingéniosité des créations contemporaines. Au-delà des connaissances historiques, elle dévoile la vitalité des designers africains d’aujourd’hui.

 

 

 

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