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Les oeuvres impudiques de Degas

Degas et le Nu

Jusqu’au 1er juillet 2012

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Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion-d’Honneur, Paris 7e

 

Tandis que le Centre Pompidou présente les « Paires et séries » de Matisse, le musée d’Orsay s’intéresse aux nombreuses représentations du nu chez Degas (1834-1917). Des premières études académiques à la modernité de ses compositions du début du XXe siècle, les oeuvres présentées s’assimilent aux « paires et séries » de Degas, l’artiste n’hésitant pas à reprendre certaines poses à plusieurs décennies d’intervalle.

Parisien de naissance, Edgar Degas a passé l’essentiel de sa vie dans la capitale des arts. Hormis un long périple formateur en Italie (1856-1859), l’artiste a peu quitté Paris. Après de brillantes études au lycée Louis-le-Grand, il intègre l’Ecole des beaux-arts en 1855 et devient copiste au musée du Louvre et à la Bibliothèque impériale. Cette formation académique sera présente tout au long de ses cinquante ans de carrière.

Sauf que le génie de l’artiste réside dans sa capacité à dépasser son enseignement initial pour synthétiser les différents courants qu’il traversera tel l’impressionnisme dont il est membre fondateur, le naturalisme des années 1880, puis le symbolisme sous l’influence de son ami poète Stéphane Mallarmé.

Ses nombreuses études de nu se font initialement sous l’influence de sa formation académique, les jeunes élèves apprenant à représenter l’anatomie du corps humain pour l’intégrer ensuite dans les peintures d’histoire – genre premier selon le classement de l’Académie royale de Peinture. Dès Petites filles spartiates provoquant des garçons (1860/62), Degas évoque l’Antiquité, mais il expose par la même occasion ses recherches sur le corps. Comme en témoignent les nombreux dessins d’études, qui portent une attention particulière et originale pour l’époque aux gestes des jeunes gens.

Degas s’affirme comme un peintre d’histoire jusqu’en 1865, date de la présentation au Salon de Scène de guerre au Moyen-Age. Cette oeuvre illustre l’intérêt de l’artiste pour la brutalité des hommes envers les femmes en temps de guerre. Ce qui frappe dans cette toile dont les couleurs mates rendent hommage aux fresquistes du XVe siècle, ce sont les poses des femmes qu’il reprendra plus tard dans ses études de femmes au bain. La contorsion des corps féminins annonce le réalisme de ses représentations de femmes nues, saisies dans leur toilette quotidienne.

La répétition de cette activité prosaïque, à l’opposé de la tradition classique se rapportant à l’Antiquité, représente un temps fort dans la quête artistique de Degas. Comme pour sa série de femmes des maisons closes, l’artiste utilise le monotype. Sur une plaque en métal couverte d’encre, il enlève la matière à l’aide d’une brosse, d’une pointe ou de ses doigts pour aboutir à des fonds sombres qui rappellent les estampes des maîtres hollandais du XVIIe siècle, redécouvertes dans les années 1880.

Parallèlement, Degas travaille le pastel, utilisé pur, qui lui permet de donner vie aux chairs. Huysmans admire chez lui « la suprême beauté des chairs bleuies ou rosées par l’eau […] la chair déshabillée, réelle, vive ». De même, lorsque les oeuvres de Degas sont présentées à la galerie Boussod et Valadon en 1888, Gauguin croque dans un carnet les poses des baigneuses. Elles lui inspireront Hina Tefatou (La Lune et la Terre, 1893).

Degas travaille également la sculpture, surtout à la fin de sa vie, lorsque sa vue baisse, pour étudier la décomposition du mouvement des danseuses – autre sujet cher à l’artiste -, et le fusain, dont la nervosité des traits permet de transcrire les appuis et les mouvements des baigneuses.

Alors que l’artiste a travaillé « cent fois le même sujet », les femmes en intérieur représentées de dos dans une lumière artificielle, à la fin de sa vie il les ré-intègre dans le paysage. A l’instar des Baigneuses de Renoir, présentées dans l’exposition. Il boucle ainsi un parcours artistique, revenant à sa Scène de guerre au Moyen-Age.

Permettant l’approfondissement de nos connaissances sur ce qui a fait la renommée des peintres du XXe siècle, cette exposition a pour défaut de présenter des cartels trop bas, comme s’ils étaient destinés aux enfants. S’il est assez rigolo au début de voir l’ensemble des visiteurs se courber pour lire le titre des oeuvres, vous ressortez de l’exposition avec une sciatique qui vous fait maugréer contre les scénographes. Allant jusqu’à penser qu’ils ne visionnent pas les expositions qu’ils conçoivent!

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