Gleizes – Metzinger : Du cubisme et après
Jusqu’au 22 septembre 2012
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L’Adresse Musée de La Poste, 34 bd de Vaugirard, Paris XV
Le cubisme ne se résume pas à Picasso, Braque et Gris. C’est ce que nous enseigne L’Adresse Musée de La Poste, qui rend hommage à deux figures essentielles dans l’histoire du mouvement, Albert Geizes (1881-1953) et Jean Metzinger (1883-1956). Bien que restées secondaires dans la postérité.
L’exposition de L’Adresse Musée de La Poste présente une confrontation des oeuvres d’Albert Geizes et de Jean Metzinger, qui se rencontrent en 1910. Ils ne se quittent plus guère ensuite, confrontent leurs idées, leurs oeuvres.
Le premier est un peintre autodidacte, le second a suivi une formation académique. Pour autant, ils partagent – à leurs débuts – une même vision fragmentée et cherchent à traduire différents points de vue de manière simultanée. Ils vont jusqu’à emprunter les mêmes titres.
« Que le tableau n’imite rien et qu’il présente nûment sa raison d’être! Nous aurions mauvaise grâce à déplorer l’absence de tout ce dont, fleurs, campagne ou visage, il n’aurait pu n’être que le reflet », écrivent Metzinger et Gleizes, selon Peter Brooke, spécialiste de ce dernier.
Mais des dissonances apparaissent déjà : les couleurs fauves de Metzinger, si elles se retrouveront plus tard chez Gleizes, sont absentes à ses débuts – il adopte une palette plus proche de celle des Néo-Impressionnistes. A l’inverse, Metzinger se tourne, après 1914, vers des couleurs plus sobres et revient à la figuration. Retour formel que n’empruntera jamais Gleizes.
Autour de ces deux personnages essaime une bande d’artistes qui se réunissent chez les frères Duchamp (Jacques Villon, Raymond Duchamp-Villon et Marcel Duchamp) : Picabia, Kupka, Delaunay, Léger, Le Fauconnier, La Fresnaye…
Ensemble, ils créent le Salon de la Section d’Or – en référence au nombre d’or ou « divine proportion », cher(e) aux artistes. Leur exposition de 1912, qui se tient à la Galerie de la Boétie à Paris, révèle le mouvement au grand public. Celle de 1920 connaîtra du succès à l’étranger tandis que l’exposition de 1925 présente, pour la première fois, des oeuvres de Picasso et de Braque, qui oeuvraient jusqu’à présent en solo.
La guerre de 1914 bouleverse cette belle unité. Gleizes, de retour de New York, s’inspire du jazz, des gratte-ciel et de la publicité. Il tend vers l’abstraction en fondant ses compositions sur un système de rythme, de rotation et de translation de plans. A partir de 1920, ses oeuvres sont moins déstructurées et laissent place à de larges aplats colorés (La Femme au gant).
Tandis que Metzinger prend ses distances avec le cubisme. Ses oeuvres reposent tout de même sur des figures construites, géométriques, avec une fragmentation de l’espace, une interpénétration des plans et une hétérogénéité qui évoque le collage cubiste.
L’exposition montre au moins deux facettes du cubisme – figuratif et abstrait – à travers des oeuvres peu connues car essentiellement issues de collections privées. Sont présentes également de magnifiques toiles de la Fondation A. Gleizes et de musées provinciaux (Torse plat d’Alexandre Archipenko, Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg ; L’Ecolier, Musée Cantini de Marseille). Mais elle propose un parcours chronologique qui ne favorise pas la confrontation visuelle des oeuvres (je pense, par exemple, au Goûter de Jacques Villon et celui de Jean Metzinger, qui contraint à retourner sur ses pas sans pouvoir réellement capter le traitement de cette même thématique par deux artistes différents). L’exposition perd dès lors de son potentiel.
Ce site est absolument remarquable.
Cordialement.
Jean-Louis Taxil
Historien des civilisations