Corto Maltese

Une vie romanesque

Jusqu’au 4 novembre 2024

#LaBDàtouslesétages

Centre Pompidou, BPI (2e étage), Paris 4e

Dans le cadre de l’événement « La BD à tous les étages », le Centre Pompidou s’intéresse au mystérieux héros d’Hugo Pratt (1927-1995), Corto Maltese. Un personnage envoûtant.

Hugo Pratt (Ugo Eugenio Prat de son vrai nom) invente le personnage du marin Corto Maltese en 1967, à l’âge de 40 ans. Il a alors pas mal vadrouillé sur tous les continents et Corto incarne son « double dessiné ».

Corto Maltese apparaît pour la première fois dans Una ballata del mare salato (La Ballade de la mer salée). Il n’est qu’un personnage parmi d’autres, la véritable héroïne étant sa probable amoureuse Pandora Groovesnore. Corto Maltese deviendra le protagoniste du récit à partir du deuxième album, Sous le signe du Capricorne.

Marin romantique, aventurier généreux, anarchiste politique, Corto Maltese se caractérise par une figure longiligne et une pose nonchalante, une cigarette au coin des lèvres. Il traverse les événements du XXe siècle (Première Guerre mondiale, empires coloniaux et luttes d’indépendances, révolution de 1917) et croise la route de plusieurs personnalités historiques. Telle Bouche dorée, femme que l’auteur a rencontré à Bahia, qui l’a initié au vaudou. Ou l’éminent russe Raspoutine, diabolique et violent ; l’antithèse de Maltese, à moins qu’il ne soit sa face sombre cachée ?

Cette alliance de réalité et de fiction dans la narration brouille les frontières et engendre des doutes sur l’existence même du personnage. Corto n’existerait-il que dans sa version papier ?

L’exposition décrypte la construction du personnage à la personnalité énigmatique, et l’intelligence de l’auteur à dévoiler au compte-goutte des indices sur son passé trouble. Pratt excelle également au niveau graphique, maîtrisant le noir et blanc autant que les coloris aquarellés.

Cette combinaison de la richesse du personnage, de la dextérité du trait graphique, des multiples références littéraires (R. L. Stevenson, J. Conrad, H. Melville), et de l’étendue géographique des mers et terres traversées, des îles du Pacifique aux confins de la Sibérie, expliquent le succès de cette oeuvre intemporelle.

Une exposition au sein de la BPI (Bibliothèque Publique d’Information) dont on se délecte.