Jusqu’au 3 février 2008
Musée d’Orsay, salles d’exposition temporaire, 1, rue de la Légion d’Honneur 75007, 01 40 49 48 14, 8€
Le musée d’Orsay consacre la première monographie au peintre symboliste suisse Ferdinand Hodler (1853-1918), depuis l’exposition du Petit Palais en 1983. Cette ouverture du musée parisien sur les artistes des écoles étrangères fait suite à l’achat, il y a deux ans, du Bûcheron (1910). Une oeuvre qui ouvre la voie, avec le corpus des 80 autres tableaux exposés, vers l’abstraction et l’expressionnisme.
De son temps, Ferdinand Hodler était considéré comme un artiste avant-gardiste, reconnu comme peintre officiel de la Confédération helvétique, après des débuts difficiles. Sa carrière n’a cessé d’osciller entre éclats et succès, scandales et louanges. Depuis sa mort en 1918, le peintre est progressivement tombé dans l’oubli.
Le musée d’Orsay entend faire redécouvrir l’art d’Hodler par une exposition thématique – chaque genre de peinture traité fait l’objet d’une salle -, qui met en valeur la modernité de cette oeuvre et son esthétisme profondément décoratif.
L’exposition commence avec la première oeuvre de Hodler qui fait sensation, La Nuit (1889-1890), habituellement conservée au Kunstmuseum de Berne. Pour la première fois, cette oeuvre quitte ses frontières. Une autorisation de sortie méritée puisque cette oeuvre représentant un nu masculin – autoportrait de l’artiste -, réveillé par le fantôme de la mort et entouré de corps nus, est interdit d’exposition à Genève en 1891. Tandis qu’elle est saluée par la critique parisienne et est notamment remarquée par Puvis de Chavanne (autre peintre symboliste).
Après La Nuit, Hodler conçoit des compositions immenses, représentant « de pauvres diables » auxquels il s’identifie. C’est à cette époque qu’il établit le principe esthétique auquel il se rattachera toute sa vie, celui du parallélisme ou répétition de formes semblables. Car « ce qui nous rend un est plus grand que ce qui nous différencie ». La mission de l’artiste est de représenter l’élément intemporel de la nature – sa beauté -, qui se traduit dans son art par la vision d’un nouvel ordre, symétrique et décoratif.
Hodler simplifie au maximum et de plus en plus ses compositions, au point de transformer à la fin de sa vie la chaîne du Mont Blanc en lignes verticales. Supprimer le détail insignifiant pour mieux faire ressortir la cohérence du monde, avec lequel les hommes ne font qu’un. De ses paysages se dégagent « une unité puissante », « une harmonie religieuse » (cf. Paysage rythmique au Lac Léman, 1908, collection particulière ou La Pointe d’Andey, vue de Bonneville, Haute Savoie, 1909, musée d’Orsay).
Paysagiste reconnu, la réputation de Ferdinand Hodler équivaut alors à celle de Cézanne, bien que ses paysages n’aient jamais été montrés en France.
Sa réputation faite, Hodler devient peintre officiel. Il est chargé de représenter les batailles historiques de la Confédération (cf. La Bataille de Morat, 1917, Kunsthaus, Glaris), aussi bien que les dessins des billets de banque, dont Le Bûcheron ou Le Faucheur. Ces figures deviennent rapidement des icônes. Elles sont animées par la force du geste du sujet représenté, qui effectue une sorte de chorégraphie dévoilant son émotion intérieure. « Dans les allures du corps on découvre son âme », avance l’artiste.
L’une des dernière salles (salle 14, « le cycle de Valentine ») s’attarde à la représentation de la mort, « ce qu’aucun autre [artiste] n’avait jamais fait ». Ici sont mises en parallèle les peintures cruelles de la mort défigurant deux maîtresses de l’artiste (Augustine Dupin et Valentine Godé-Darel) et des vues du lac Léman, les corps des unes et la ligne d’horizon de l’autre étant réduits à un simple tracer horizontal. Symbole de la mort et du devenir des éléments naturels: » Tous les objets ont une tendance à l’horizontale […] La montagne s’abaisse, s’arrondit par les siècles jusqu’à ce qu’elle soit plane comme la surface de l’eau. L’eau va de plus en plus vers le centre de la terre, ainsi que tous les corps » (Hodler).
Description on ne peut plus contemporaine des conséquences des gaz à effets de serre mais autrement plus naïve et poétique!
L’exposition donne un panorama complet, non seulement de l’art d’Hodler, mais aussi de son processus de création grâce à deux cabinets qui présentent les esquisses de Jour III (1909-10, Kunstmuseum, Lucerne) et Vérité II (1903, Kunsthaus, Zürich). Sans oublier la quarantaine de photographies de Gertrud Dubi-Müller, amie, collectionneuse et modèle de Hodler, qui fixe sur pellicule l’intimité du peintre, jusque dans son atelier et les derniers jours de sa vie.
je touve ses peintures super belle!
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Oui, ce sont des peintures intéressantes.