Claudia Andujar – La lutte Yanomami
Prolongation jusqu’au 13 septembre 2020
Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, Paris 14e
La Fondation Cartier pour l’art contemporain expose le travail de Claudia Andujar (né en 1931 à Neuchâtel, vit à Sao Paolo) sur le sort des Yanomami, Indiens d’Amazonie, dont la survie est menacée. Car les richesses de leur terre ancestrale attirent chercheurs d’or clandestins, compagnies minières, éleveurs…
Photojournaliste puis activiste militante, Claudia Andujar consacre sa vie à comprendre leur culture et la faire respecter par les puissances « civilisées. En vain ?
A la fin des années 1970, le gouvernement militaire brésilien décide la construction d’une route transamazonienne. Les Yanomami sont attirés le long du chantier par la nourriture gratuite et la fascination pour les engins mécanisés. Le contact avec les populations blanches les soumet à une vaste contamination.
En 1978, Claudia Andujar fonde avec le missionnaire Carlo Zacquini et l’anthropologue Bruce Albert la Commissão Pro-Yanomami (CCPY). Ils militent pendant près de quinze ans pour la délimitation du territoire des Yanomami qui s’étend du nord du Brésil au sud du Vénézuela sur près de 9,6 millions d’hectares. Son militantisme prend le pas sur son travail artistique ; la photographie n’a plus que pour seul but de soutenir la cause des Yanomami.
« Je ne savais pas lutter contre les politiciens, contre les non-amérindiens. C’est bien qu’elle m’ait donné un arc et une flèche non pas pour tuer des Blancs, mais l’arc et la flèche de la parole, de ma bouche et de ma voix pour défendre mon peuple Yanomami », explique Davi Kopenawa Yanomami.
Les politiciens brésiliens finissent par reconnaître la légalité de leur territoire en 1992. Mais les gouvernements suivants, en particulier celui de Jair Bolsonaro (élu au 1er janvier 2019), tentent de légaliser l’extraction des ressources et l’exploitation agricole de cette vaste zone, riche en faune, flore, or, étain et magnésium.
Les photographies de Claudia Andujar racontent cette lutte constante pour protéger ceux qui sont devenus sa deuxième famille. Elles montrent leur culture, en particulier les rites chamaniques (de la vaseline déposée sur son objectif et des surexpositions confèrent une impression surréaliste). Autant que leur massacre et les campagnes de vaccination avec les Indiens différenciés par un écriteau numéroté autour du cou. Au mieux évocation du bétail, au pire souvenir de la Shoah…
Si l’exposition permet une découverte de la culture des Yanomami et une prise de conscience de leur sort, de là à ce qu’elle offre un moyen d’agir pour les aider, il y a malheureusement un grand pas à franchir.