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Chiharu Shiota

The Soul Trembles (Les frémissements de l’âme)

Jusqu’au 19 mars 2025

#ExpoShiota

Grand Palais, entrée Porte H, avenue W. Churchill, Paris 8e

En avant-première de la réouverture de l’ensemble des salles d’exposition du Grand Palais (juin 2025), la partie ouest du bâtiment accueille une rétrospective consacrée à l’artiste japonaise Chiharu Shiota (née en 1972 à Osaka, vit à Berlin). Fils de laine rouge et noire nous entraînent dans un voyage surprenant.


Chiharu Shiota, Uncertain Journey (« Voyage incertain »), 2021. Cadre métallique, laine rouge. Vue de l’installation : Taipei Fine Arts Museum. Photo Guan-Ming Lin_2 © Adagp, Paris, 2024

Depuis une trentaine d’années, la jeune femme crée des installations à partir de fils de laine entrelacés, à travers lesquelles le visiteur se fraie un chemin, s’interroge sur le sens de ces lianes enchevêtrées et en vient à tisser des liens avec sa mémoire personnelle.


Chiharu Shiota, Accumulation – Searching for the Destination (« Accumulation – En quête de la destination ») 2014/2024. Valises, moteur et corde rouge. Vue de l’installation : Shiota Chiharu: The Soul Trembles, Mori Art Museum, Tokyo, 2019. Photo: Kioku Keizo. Photo courtesy: Mori Art Museum, Tokyo © Adagp, Paris, 2024

Le visiteur est accueilli par l’une de ses dernières créations, Uncertain Journey (2021-2024) tapis de laine rouge du sol au plafond, accompagné de créations filaires noires à la forme symbolique de barques. Thématique des migrations, du voyage extérieur autant qu’intérieur, qui résonne avec la dernière installation de l’exposition parisienne : une succession de malles anciennes suspendues au plafond par des fils de laine rouge (Accumulation – Searching for the Destination, 2014-2024).

Entre ces deux installations choc se dévoilent le parcours de l’artiste, depuis sa première aquarelle à l’âge de cinq ans jusqu’à son installation d’objets du quotidien, taille miniature, disposés comme dans une grande maison de poupée et reliés entre eux par ce fameux fil rouge (Connecting Small Memories, 2019-2020). Ses photographies, sculptures et mises en scène pour l’opéra de Berlin compètent cette rétrospective.

Marquée par sa culture natale et celle de son pays adoptif, zigzaguant entre plusieurs langues et mentalités culturelles, Chiharu Shiota transpose cet entre-deux à travers des oeuvres qui mêlent l’intérieur et l’extérieur (accumulation de fenêtres dans Inside- Outside, 2009-2024). Ou l’idée que les vêtements sont une seconde peau (deux robes blanches créées par l’artiste suspendues dans une cage grillagée de fils noirs, Reflection of Space and Time, 2018). Une peau qui même lavée ne peut retirer un sentiment de souillure (robes immenses, suspendues, et recouvertes de boue dans After That, 1999).

Car trois ans après son mariage, la jeune femme est diagnostiquée avec un cancer des ovaires. Elle réalise que ses oeuvres ne sont plus une fois que l’exposition est terminée, les fils démontés. Elle réfléchit alors pour créer des oeuvres qui resteront après sa mort. Out of my Body (2019-2024) traduit le détachement de son esprit avec son corps. Des membres de corps (bras, jambes) sont étalés au sol tandis que des formes en laine rouges suspendues renvoient aux émotions incontrôlables de l’artiste, comme si elles quittaient son corps pour s’élancer vers le ciel.

Une oeuvre envoûtante, parfois glaçante (chaises et piano calcinés, In Silence, 2002-2024), toujours poétique.

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