Réouverture du musée Jacquemart-André

Chefs-d’oeuvre de la Galerie Borghese

Jusqu’au 5 janvier 2025

Musée Jacquemart-André, 158 boulevard Haussmann, Paris 8e

Pour sa réouverture après plus d’un an de travaux, le musée Jacquemart-André présente une quarantaine de chefs-d’oeuvre de la Galerie Borghese, elle-même en cours de rénovation. Une sélection choisie avec soin qui vous transporte immédiatement dans l’atmosphère envoûtante de Rome !

Michele di Ridolfo del Ghirlandaio, Léda, vers 1565-1570. Huile sur panneau. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese / Photo Mauro Coen

L’exposition entend montrer autant les chefs-d’oeuvre de la collection rassemblée par le puissant cardinal Scipion Borghese (1577-1633), neveu du pape Paul V (1550-1621), que la prospérité de l’époque et le dynamisme de cette collection. Elle comprend des oeuvres qui rayonnent hors de Rome, réalisées par des artistes de la Renaissance aussi célèbres que Caravage, Rubens, Raphaël, Titien, Botticelli, Véronèse, Antonello da Messina et Bernin.

La Villa Borghèse Pinciana, qui abrite aujourd’hui la Galerie Borghèse, est construite entre 1607 et 1616 par Scipion Borghese. Elle s’inspire des luxueuses villas romaines et ressemble à un grand palais, entouré de jardins, destiné à abriter les oeuvres antiques et modernes rassemblées avec avidité par le cardinal. « Scipion complétait sa collection par tous les moyens, légaux ou non », commente Pierre Curie (conservateur au musée Jacquemart-André, spécialiste de la peinture italienne), co-commissaire de l’exposition. Il n’hésite pas à recourir à la menace pour forcer des artistes à lui céder des oeuvres ou travailler pour lui.

Selon les dernières volontés du cardinal, l’ensemble de la collection et de ses propriétés sont transmises de générations en générations, sans être dispersé pendant près de deux cents ans. La collection s’est agrandie, avant d’être vendue avec son musée à l’État italien, en 1902.

Caravage, Garçon à la corbeille de fruits, vers 1596. Huile sur toile. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese / Photo Mauro Coen

Scipion débute sa collection par quelques héritages. Ses premières acquisitions commencent vers 1607, lorsque des soldats pontificaux confisquent une centaine d’oeuvres du Cavalier d’Arpin, accusé de détenir illégalement des armes à feux. L’artiste travaillait alors pour le Vatican, qui récupère ainsi des toiles maîtresses comme son Arrestation du Christ (vers 1596-97) et le Garçon à la corbeille de fruits (vers 1596), oeuvre de jeunesse du Caravage, élève du Cavalier d’Arpin. Ces chefs-d’oeuvre sont présentés aux côtés de Loth et ses filles (1617) de Giovanni Francesco Guerrieri, artiste renommé originaire de Bologne.

Sandro Botticelli, Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant et des anges, XVe siècle. Tempera sur panneau. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese / Photo Mauro Coen

Scipion Borghese recherche des oeuvres « de plaisir », qui plaisent plus au coeur qu’à l’intellect, préférant la qualité artistique à la complexité symbolique. La deuxième salle est ornée d’un gracieux tondo (format circulaire) de Sandro Botticelli représentant une Vierge à l’Enfant avec saint Jean-Baptiste enfant et six anges (vers 1488-1490), le plus célèbre des peintres de Florence. Aux côtés de Raphaël, représenté ici par La Dame à la licorne (vers 1506) qui témoigne de l’intérêt du jeune peintre pour la Joconde de Léonard de Vinci, peinte vers 1503. « Cette oeuvre fait preuve d’un grand équilibre entre nature et humanité », commente Francesca Cappelletti (directrice de la Galerie Borghese), co-commissaire de l’exposition.

Dominiquin, Sibylle, 1617. Huile sur toile. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese. Photo Mauro Coen

Le cardinal aime autant le naturalisme du Caravage que le baroque de Guido Reni, peintre de Bologne en pleine ascension, dont le spectaculaire Moïse brisant les Tables de la Loi (vers 1620-25) évoque les mythes fondateurs de la culture occidentale moderne. On admire également la Sibylle (1617) de Dominiquin, prêtresse d’Apollon ayant le don de divination. L’originalité de l’oeuvre tient dans l’introduction d’une viole et d’une partition qui font référence à la passion commune du cardinal et du peintre pour la musique.

La galerie de portraits avec des oeuvres d’Antonello da Messina, Lorenzo Lotto et Parmesan, témoignent des innovations artistiques venues du Nord de l’Europe, reprises par les peintres italiens, pour traduire non plus seulement le statut social mais la personnalité et l’individualité des modèles.

Lorenzo Lotto, Vierge à l’Enfant avec saint Ignace d’Antioche et saint Onuphre, 1508. Huile sur panneau. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese / Photo Mauro Coen

La salle suivante présente des oeuvres sacrées avec une Vierge à l’Enfant (1508) entourée de saints de Lorenzo Lotto, dont la gamme chromatique contrastée éblouit. On retrouve des couleurs tout aussi lumineuses dans L’Adoration des bergers (1553-1554) de Bassano, à la composition particulièrement dense.

Annibal Carrache, Samson enchaîné, vers 1594. Huile sur toile. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese / Photo Mauro Coen

Scipion apprécie l’imaginaire baroque qui renouvelle l’expression des émotions, les effets de texture et de couleurs, à l’opposé du maniérisme académique dominant à la fin du XVIe siècle. En atteste la Judith de Baglione, dont la force morale est soulignée par une dualité entre la partie gauche de la toile, lumineuse, et la partie droite, sombre, où repose la tête décapitée du général ennemi Holopherne. L’exaltation de la puissance du corps et de la vengeance est également remarquable chez Annibal Carrache et son Samson enchaîné (vers 1594).

Titien, Vénus bandant les yeux de l’Amour, vers 1560-1565. Huile sur toile. Galleria Borghese, Rome © Galleria Borghese / Photo Mauro Coen

La dernière salle évoque le lien indissociable entre peinture et sculpture à Rome avec la Vénus d’Andrea del Brescianino qui semble sortir de sa niche. Le nu féminin prend de plus en plus d’importance dans les collections du cardinal du fait de la redécouverte de statues antiques dans les chantiers archéologiques.

Le parcours se clôt avec un chef-d’oeuvre du Titien, Vénus bandant les yeux de l’Amour (vers 1565), aux couleurs chaudes et sensuelles, rarement sorti de la Galerie Borghese.

Une sélection à couper le souffle !

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