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Paris, essentiel à la création cézannienne

Cézanne et Paris

Jusqu’au 26 février 2012

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Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard 75006

Cézanne le Provençal. Certes, il est né à Aix-en-Provence (1839) et y a travaillé. Mais l’artiste n’aurait pas développé les couleurs si lumineuses de la montagne Sainte-Victoire sans connaître les contraintes d’une ville qu’il n’aime pas – Paris. L’exposition du Musée du Luxembourg montre comment Paris – non ses sites touristiques mais ses toits et surtout la nature qui entoure sa banlieue – va inspirer Cézanne et faire de lui ce maître essentiel de la peinture moderne. « Notre père à tous », selon Picasso.


Entendons-nous bien, l’exposition ne montre aucune oeuvre du Sud. Le fil rouge qui relie les 80 oeuvres est « la France du Nord » et plus précisément, Paris vue à travers ses toits – l’oeuvre présentée n’avait jamais été exposée en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale – quelqu’uns de ses hommes (son premier collectionneur Victor Chocquet, et son marchand Ambroise Vollard). Et sa banlieue, autour des rivières qu’il affectionne tant:la Seine et la Marne.

Cézanne a passé la moitié de sa vie d’artiste à proximité de la Seine-et-Marne (Fontainebleau, Marlotte, Melun, Créteil, Alfortville, Saint-Maur-Les-Fossés). Il y séjourne encore un an avant sa mort, en 1905. Sur les 954 toiles répertoriées du peintre, près de 400 ont été exécutés à Paris, loin de ses racines provençales.

Alors pourquoi Paris? C’est le passage obligé pour tout artiste qui souhaite être reconnu – en raison du Salon officiel et des ateliers où les artistes de tout bord se rencontrent, échangent, « mondanisent ». Dans l’atelier de Charles Suisse, Cézanne fréquente Camille Pissaro et Armand Guillaumin. Sans oublier son ami de lycée aixois, Emile Zola, qui l’incite à « monter à Paris » la première fois en 1861. Il lui ouvre des portes et lui présente le groupe des Batignolles, qui se rassemble au café Guerbois, où Cézanne rencontrera Manet.

Paris, c’est aussi ses musées, en particulier le Louvre, où les jeunes artistes copient les maîtres. Cézanne a particulièrement été touché par Les Noces de Cana de Véronèse, Bethsabée au bain de Rembrant, La Barque de Dante de Delacroix mais aussi Chardin qui lui inspire des natures mortes dont il renouvelle le genre. Ainsi, dans le confinement de son appartement de la rue de l’Ouest, il reprend comme fond de toile du papier peint aux motifs géométriques qui répondent à la forme des objets sur la table attenante: pot de lait et tasse, fruits, sur une nappe blanche. « Vous avez la tour Eiffel en 1889, ça ne le concerne pas: il peint des pommes! », s’exclame le co-commissaire de l’exposition Denis Coutagne. « Il faut être très fort pour revendiquer sa modernité en peignant quelques pommes devant un mur de papier peint! »

Bien sûr, Cézanne travaille aussi le motif en plein air. En attestent ses multiples représentations de la campagne parisienne. Il aime la sérénité qui se dégage; ses toiles traduisent le silence de la nature.
De là, Cézanne travaille l’incorporation du corps dans la nature. Il renouvelle le genre du nu. Sous ses doigts, la femme, non canonisée ni érotique comme chez Manet ou Courbet, devient baigneuse.

Après sa première exposition organisée par Ambroise Vollard en 1895, qui le consacre sans pour autant qu’il y assiste, le peintre se retire dans ses terres provençales pour élaborer une symphonie des ors de Sainte-victoire… Que l’on espère découvrir de visu dans une prochaine exposition!

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