Peindre les hommes
Jusqu’au 19 janvier 2025
Musée d’Orsay, Paris 7e
À l’occasion du 130ème anniversaire de la mort de Gustave Caillebotte (1848-1894), le musée d’Orsay explore le regard moderne du peintre sur ses contemporains – en particulier les hommes – et les transformations urbaines de Paris.
En 2021, le J. Paul Getty Museum acquiert Jeune homme à sa fenêtre (1876) ; celui-ci est représenté de dos en train d’observer le nouveau Paris d’Haussmann. Un an plus tard, le musée d’Orsay achète Partie de bateau (vers 1877-1878), classé « trésor national », dans lequel un jeune homme vu de face rame dans un canot. Deux oeuvres emblématiques du travail de l’artiste qui consacre « 70% de ses tableaux de figures aux hommes », précise Paul Perrin, un des trois commissaires de l’exposition, organisée avec le J. Paul Getty Musuem.
« Il ne peint pas l’Homme, mais des hommes, c’est-à-dire des individus et des existences particulières », ajoute P. Perrin. Des hommes qui vivent autour de lui (frères, amis), des passants de rue, des ouvriers ou domestiques qui travaillent dans l’appartement familial, des amateurs de sport sur l’eau. Comme lui.
La nouveauté de son regard tient au fait qu’il plonge le spectateur au coeur de la toile et qu’il le positionne comme s’il était lui-même en train de regarder par-dessus Le Pont de l’Europe (vers 1877), un Balcon (vers 1880), un Boulevard (1880).
S’il peint des femmes nues (Nu au divan, vers 1880) à l’image de ses contemporains Degas, Renoir, Manet, Caillebotte représente de manière plus insolite des nus masculins (Homme s’essuyant la jambe, vers 1884 ; Homme au bain, 1884).
La modernité chez lui passe par l’expression d’une « condition masculine », incarnée par son propre statut, jeune bourgeois parisien, libre, célibataire, amateur de sport, d’horticulture et féru d’amitiés.
Il dépasse sa condition de rentier pour se rapprocher des travailleurs manuels comme les Raboteurs de parquets (1875) ou Peintres en bâtiments (1877), pour lesquels il voue une admiration sincère, liés qu’ils seraient par leur amour du beau travail.
Dans le parcours, des oeuvres majeures côtoient des pastels méconnus, des dessins préparatoires, des photographies, des costumes de la mode masculine du XIXe siècle. L’exposition apporte un nouveau regard sur cet artiste moderne, à la fois peintre et mécène. À ne pas manquer, en dépit de la foule qui se presse au musée d’Orsay !