La Suède sauvage
Jusqu’au 16 février 2025
#ExpoLiljefors
Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e
Le Petit Palais ouvre le troisième volet de sa programmation consacrée aux artistes suédois en présentant l’oeuvre de Bruno Liljefors (après Carl Larsson et Anders Zorn). Son oeuvre est centrée sur la représentation de la nature sauvage suédoise, qu’il interprète en faisant une synthèse du romantisme et du japonisme.
Bruno Liljefors (1860-1939) fait entrer le visiteur au coeur de ses oeuvres.
C’est particulièrement visible dans la toile qui ouvre le parcours de l’exposition. Tableau manifeste de son art, Une famille de renards (1886), témoigne de son influence de l’art japonais avec l’absence de perspective et la présentation de fleurs (cerfeuil sauvage et pissenlits montés en graines) telle une calligraphie. Cette oeuvre au sujet inédit – le sevrage des renardeaux au printemps – montre à la fois la délicatesse de la nature et sa violence (les petits dévorent une proie).
Bruno Liljefors est fasciné par la nature sauvage, le cycle de la vie, et l’adaptation des animaux à leur environnement. Tel le pelage du lièvre qui change de couleur en hiver pour se camoufler dans la neige.
« Ce que je m’efforce de figurer dans mes tableaux animaliers, sont les individus mêmes. Je peins des portraits d’animaux » (Bruno Liljefors, 1902).
Ses oeuvres au format vertical, de plus en plus grands, tentent d’élever la peinture animalière au rang de la peinture d’Histoire. Ils mettent en avant son observation au plus près des espaces sauvages qu’il dépeint. Il arpente forêts, marais, landes et immortalisent oiseaux, renards, hiboux, aigles, etc., grâce à des croquis sur le vif qui capturent des gros plans et leurs mouvements. En attestent le spectaculaire Pygargues à queue blanche (1897) – aigles de mer en train de pourchasser un oiseau marin -, et Cinq études d’animaux (1881), une oeuvre rarement montrée au public qui appartient au Roi de Suède.
B. Liljefors s’appuie également sur les animaux naturalisés et la photographie. Il assemble ensuite sa composition en reproduisant le champ de la vision humaine : image nette au centre et périphérie floue. « Le peintre applique la théorie des couleurs de Chevreul selon laquelle la couleur n’existe pas en soi mais est reconstituée par la rétine en fonction de la couleur des objets environnants », commente Anne-Charlotte Cathlineau (conservatrice en chef au Petit Palais), co-commissaire de l’exposition.
En fin de carrière, l’artiste s’intéresse surtout à l’envol des oiseaux et à la couleur si particulière des crépuscules. Le dernier tableau du parcours, Oies sauvages atterrissant (1899), a été présenté à l’Exposition universelle de 1900 à Paris. Ces oies ont servi de couverture à la première édition du célèbre Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, écrit par Selma Lagerlöf.
Il faut attendre 1913 et le premier Salon des artistes animaliers pour que l’État français, dirigé alors par le président Raymond Poincaré, acquiert l’unique oeuvre de Liljefors, Les Courlis, aujourd’hui conservé au musée d’Orsay.
Le Petit Palais met toujours l’accent sur l’accessibilité de ses expositions aux familles. Cela se traduit par des cartels adaptés pour les plus petits, qui pointent ici la spécificité des animaux dépeints par Liljefors et une immersion sonore pour recréer les sons de la nature suédoise (bruit des eiders, grèbes, pygargues et des paysages du littoral).
Très bien conçue, cette exposition vous plonge au coeur de la nature sauvage et vous offre un moment de répit en dehors de la jungle urbaine !