Trente artistes de Rembrandt à Xavier Veilhan
Jusqu’au 18 mars 2018
Fondation Groupe EDF, 6 rue Récamier, Paris 7e, Entrée libre.
La Fondation Groupe EDF (qui semble changer de nom à chaque nouvelle exposition !) présente des artistes qui s’interrogent sur les progrès apportés par le numérique dans notre société. Parcours 1 « positif » ou 0 « négatif », à vous de choisir dans quel sens le suivre…
« Ceci n’est pas une exposition d’art numérique », annonce en préambule Fabrice Bousteau, commissaire de l’exposition, en référence à l’ironie de l’oeuvre de Magritte, « mais offre le regard d’artistes sur les transformations engendrées par l’apparition de l’ordinateur à la fin des années 1980 ».
1998. Naissance de Google. La création d’un simple moteur de recherche modifie considérablement nos comportements. Ordinateurs puis smartphones sont devenus comme un prolongement de notre corps, nous rendant aussi « addicted » qu’au chocolat ! « Nous pensons selon leurs modes de fonctionnement et nous finissons par voir le monde selon le prisme d’internet », décryptent les spécialistes.
La machine qui remplaçait l’homme dans des tâches mécaniques est aujourd’hui dotée de neurones artificiels. Le 26 octobre 2017, un robot aux traits d’Audrey Hepburn, a tenu une conférence de presse, répondu aux questions des journalistes, et possède son propre passeport. Les ordinateurs défient les capacités humaines. Dans le parcours 0, des artistes tels Aram Bartholl, Katja Novitskova et Winshluss, interrogent la frontière poreuse entre l’URL (UnReal Life) et l’IRL (InReal Life).
D’un autre côté, le numérique a permis de construire des bâtiments hors normes, comme ceux de Zaha Hadid. Etre à Paris et écouter simultanément des bruits de rue au Chili, contempler 270 ciels différents (géographiquement et temporellement), déconstruire la tour Montparnasse pour la rendre plus humaine (avec des yeux et une carotte qui la déforme en son centre), créer ses propres cartes postales … Udo Noll, Marie-Julie Bourgeois, Xavier Veilhan, Julien Levesque nous invitent à mesurer les possibilités de l’ère numérique.
Encoreunestp et Carla Gannis nous interrogent sur l’identité virtuelle. Le selfie est-il une oeuvre d’art ? Les artistes peuvent-ils être remplacés par des ordinateurs ? L’exposition pose des questions, n’y répond pas !
L’étage supérieur propose des oeuvres toutes plus hallucinantes les unes que les autres ! Lee Lewe Nam nous fait contempler Le Baiser de Klimt, où figures et éléments se meuvent entre la toile et l’écran dans une danse poétique voire hypnotique. Lyes Hammadouche place de la poudre de carbure de silice dans des sabliers circulaires pour dessiner des paysages, évoluant au rythme du temps (1 tour par minute ; 1 tour par heure ; 1 tour par jour). Scenocosme nous invite à toucher de la main un morceau de bois et des plantes qui produisent des sons grâce à leur réceptivité à l’énergie électrostatique. Véronique Béland nous propose un morceau de piano unique comme joué par un fantôme, en fonction de nos émotions du moment et de notre aura…
Etant prompte à la critique – déformation professionnelle oblige ! -, j’ai préféré commencé par le regard critique des artistes du parcours 0 avant d’entreprendre le parcours 1. Cela permet de terminer sur une note moins misanthrope concernant la gente humaine et son avenir ! Intelligence, contemplation, humour et émerveillement sont au coeur de cette exposition décapante. A ne pas manquer !