Jusqu’au 2 octobre 2016
Maison de Balzac, 47 rue Raynouard, Paris 16e
Rénovée, la maison de Balzac accueille une exposition sur l’acte créateur d’Honoré de Balzac (1799-1850). Un homme de réflexion profonde, façonné par son époque et ses contemporains.
La maison de Balzac a repensé sa fonction. Fini le temps du pèlerinage pour capter l’air où l’homme de lettres a écrit ! S’il reste son petit bureau avec sa chaise, où Honoré de Balzac a travaillé de nuit, seul, son immense oeuvre La Comédie humaine, le musée doit faire face à un nouveau public qui ne connaît pas la biographie d’Honoré de Balzac. Pas la peine de chercher sur les cartels un petit texte biographique ni même sa date de naissance ou de mort !
Car ce qui compte, explique Yves Gagneux (directeur de la maison de Balzac), commissaire de l’exposition, n’est pas que Balzac soit un écrivain du XIXe siècle, mais un homme qui a écrit une oeuvre sur l’être humain, thème universel par excellence.
Face au changement de public, de moins en moins connaisseur de l’oeuvre du romancier car l’enseignement scolaire a changé et en raison du nombre croissant de touristes, la maison se veut une porte d’entrée dans l’oeuvre de Balzac, une incitation à la découvrir.
La première salle pose la question de savoir qui est Balzac (l’homme) à travers une série de bustes dont le célèbre portrait qu’en fait Rodin (avec Paul Jeanneney, 1899 ?). Mais aussi sa caricature – celle de Hans Stoltenberg Lerche, Un pas en avant (vers 1899) le représentant en phoque.
Vient ensuite une introduction à La Comédie humaine, cathédrale inachevée comme le reflète la sculpture de Karl Jean Longuet (1958).
A l’époque de Balzac, les intellectuels aiment classifier les populations. Henri Monnier, J.J. Grandville, Gavarni ont tous dépeint les hommes en fonction de leurs vêtements, de leurs loisirs, mais aussi de leur boisson ! Les étudiants, pauvres, buvaient de l’eau, tandis que les concierges d’immeubles, souvent venus de l’Ouest, apprécient le cidre. Henri Monnier présente quatre tableaux en fonction des quartiers parisiens : le faubourg Saint Germain (élite, qui reçoit l’abbé, possédant de beaux habits, posant sans les enfants mais avec un lévrier), le faubourg Saint Honoré (petite bourgeoisie qui pose avec un chien moins noble et les enfants), le Marais (occupés à jouer aux cartes), la Chaussée d’Antin (public plus jeune, nouveaux riches, bien habillés mais dans le style « m’as-tu vu »).
De la même manière, Balzac s’astreint dans son oeuvre à distinguer les classes sociales sans aller jusqu’à la caricature. Et si les personnages sont déterminés socialement, l’auteur s’efforce toujours de rendre chacun unique. La Comédie humaine décrit ainsi avec moult détails le logement, l’habillement, le mobilier des protagonistes. Or, pour Y. Gagneux, « l’identification de l’origine ou du milieu d’une personne par sa manière de se vêtir, de se mouvoir ou de se meubler, n’a rien perdu de son actualité ».
Autres personnalités à avoir influencé Balzac : Théophile Gaultier, Alphonse de Lamartine, George Sand… Quelques personnages de La Comédie humaine s’inspirent de ces fortes personnalités. Autant que de leurs réalisations (sculptures, gravures, pièces de théâtre) qui ont suscité chez l’auteur des personnages, une nouvelle voire un roman.
Et inversement : pour Picasso, Derain, Marquet, Rodin, jusqu’à Eduardo Arroyo et Martine Martine, Balzac incarne le symbole même de la puissance du créateur. Son oeuvre littéraire suscite à son tour de nouvelles créations artistiques.
L’exposition confronte la vision mythique du travailleur nocturne isolé, avec la réalité de son oeuvre marquée par la pensée de ses contemporains, plus que frappée par l’esprit du génie solitaire. Elle apporte un nouveau regard sur son oeuvre et incite assurément à sa relecture !