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Au fil de l’or

L’art de se vêtir de l’Orient au Soleil-Levant

Jusqu’au 6 juillet 2025

Musée du quai Branly – Jacques Chirac, quai Branly, Paris 7e

Le musée du quai Branly présente l’histoire millénaire de l’or, depuis sa projection dans la galaxie à son utilisation par l’homme dans les arts du textile. Les oeuvres sont mises en résonance avec les créations contemporaines de la designer chinoise Guo Pei. Absolument fascinant du début à la fin du parcours.

Costume de mariage, 1880, Égypte © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

En guise d’introduction, une vidéo nous rappelle que l’or pré-existait au système solaire. Littéralement, il est d’origine « extra-terrestre ». Plus tard, lors de la collision des plaques tectoniques, l’or piégé dans le magma de la croûte terrestre, est expulsé et retombe dans les rivières. C’est ainsi que les premiers hommes découvrent l’or.

À partir du Ve millénaire avant notre ère, l’or, si précieux et rare, sert à agrémenter les habits des souverains. La technique du tissage des fils d’or est originaire d’Orient. Lors de ses conquêtes, Alexandre le Grand l’importe en Grèce.

Sarong, 1880, Java © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Thierry Ollivier, Michel Urtado

L’or ne s’effrite pas. Il est malléable, ce qui permet à l’homme de le marteler pour le transformer en lamelles cousues sur les vêtements. Les artisans syriens sont les premiers à réaliser des galons de fils d’or aplatis et tressés.

Au fur à mesure du développement des techniques, les fils d’or sont de plus en plus légers et de moins en moins onéreux. En 1946, l’invention aux États-Unis du lurex (fil composé de polyester) démocratise l’usage de l’or et permet à « monsieur tout le monde d’en porter sur ses habits », commente Hana Al Banna-Chidiac, co-commissaire de l’exposition.

Caftan, Algérie, début ou milieu du XIXe siècle © musée du quai Branly – Jacques Chirac, photo Pauline Guyon

L’homme est tellement fasciné par l’or qu’il va en chercher partout. Comme dans la grande nacre (Pinna nobilis), trouvée en mer Méditerranée, retenue dans le fond sableux grâce à des filaments dorés très fins. Cet or – qui n’en est pas vraiment – peut également provenir du tissage des fils tirés de l’abdomen des araignées néphiles, originaires de Madagascar. Enfin, il peut être filé à partir du ver à soie Bombyx mori L. Cambodge qui produit des cocons de soie jaune vif. Toutefois ces rendements ont été abandonnés (dans les deux premiers cas) ou sont très faibles.

Guo Pei, Collection Courtyard, Couture Collection printemps-été 2016 © Guo Pei, Chine. Photo Minghua LI

Le reste de l’exposition présente des habits d’apparats de l’Algérie au Japon, en passant par l’Égypte, la Turquie, l’Inde, le Laos… À chaque section correspond une robe réalisée par Guo Pei, d’une splendeur toujours plus grande au fur et à mesure que l’on avance dans le parcours. Un ensemble de haute couture réalisé par John Galliano pour Dior (collection P/E 2004), inspiré de son voyage en Égypte, est également à couper le souffle.

Riche en oeuvres, présentées dans une scénographie limpide et scintillante, cette exposition est mon 2ème coup de coeur de la saison, avec Louvre Couture.

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