Jusqu’au 30 avril 2009
Conservatoire des arts et métiers, 60, rue Réaumur 75003, 5,50€
Inondation des régions humides, sécheresse dans celles où il ne pleut pas assez (qui a dit que la nature était bien faite?), élévation du niveau de la mer, trou d’ozone… Nous avons tous entendu parler des bouleversements climatiques liés à notre mode de vie moderne et pollueur. Au risque d’enfoncer l’écharde un peu plus profondément, le musée du Conservatoire des arts et métiers aborde le sujet délicat du changement climatique à travers une thématique originale: l’analyse de l’atmosphère. Le meilleur endroit pour l’étude de cette fine enveloppe de gaz sont les régions polaires. Embarquement immédiat pour une expédition glaciale…
Les API sont mises en place à la fin du XIXe siècle par le Congrès international de météorologie. Elles n’ont lieu que tous les 50 ans en raison de leurs lourdeurs techniques et financières. Elles permetent d’étudier les pôles sur une année complète, du début de l’été boréal à la fin de l’hiver austral.
Trois API ont déjà eu lieu: 1882/83 (centrée sur l’astronomie), 1932/33 (analyse des courants atmosphériques), 1957/58 (étude du lien entre la Terre et le Soleil). Nous sommes actuellement dans la quatrième API (mars 2007/2009), axée sur l’évolution du climat.
Selon la légende, Claude Lorius (né en 1932) – glaciologue émérite du CNRS, prix Nobel de la paix en 2007 avec Al Gore et l’un des trois premiers hommes à avoir été largué au milieu du désert de glace antarticque pendant un an sans relève – aurait découvert l’importance des bulles d’air piégées dans la glace en buvant un verre de whisky!
L’exposition se termine par la présentation – photographie panoramique spécialement commandée pour l’exposition et maquette – de la nouvelle base franco-italienne, Concordia, ouverte en 2005. Une manière de faire écho à la station Charcot du début de l’exposition. Concordia est composée de deux bâtiments circulaires reliés entre eux par une passerelle. L’un des bâtiments est dit « bruyant » (cuisine, salle des machines), l’autre « silencieux » (chambres, hôpital).
Une interview de Jean-Christope Victor, fils de Paul-Emile Victor (1907-1995) soulève l’inquiétude: l’Antarticque est protégée par le Traité de l’Antarctique (1959) de toute exploitation commerciale, continent dédié à la paix et aux recherches scientifiques jusqu’en 2041. Mais après? Les scientifiques se disent pessimiste, la pression des enjeux économiques – ressources énergétiques d’importance, tentation d’activités militaires, d’essais nucléaires ou de dépôt de matières dangereuses – se faisant trop forte pour reconduire un tel traité.
Alors que le public prend de plus en plus conscience de la nécessité de ne pas prendre la Terre pour une poubelle (même la Chine entend faire des progrès en terme environnemental), pourquoi les politiques – que nous élisons – devraient-ils agir à contre-sens de la volonté publique et plier sous le poids des industriels? Voilà un beau paradoxe de nos temps modernes…