L’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent
Jusqu’au 27 janvier 2019
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Musée Yves Saint Laurent Paris, 5 avenue Marceau, Paris 16e
Le musée Yves Saint Laurent Paris présente sa première exposition temporaire depuis son ouverture en octobre 2017. La thématique aborde l’influence asiatique sur le travail du couturier. Les créations vestimentaires sont mises en parallèle d’oeuvres plastiques, provenant du musée Guimet et de collectionneurs privés.
L’exposition propose de comprendre comment Yves Saint Laurent s’est inspiré des traditions millénaires de la Chine, de l’Inde et du Japon pour ses propres créations.
« J’ai abordé tous les pays par le rêve », cite Olivier Flaviano (directeur du musée YSL Paris) en se référant au couturier. « Mais il s’agit d’un rêve non endormi mais éveillé, qui se nourrit de littérature, de théâtre et de cinéma », poursuit-il.
Les créations d’Yves Saint Laurent sont mises en regard de ces différentes sources d’inspiration. Afin d’illustrer la démarche complètement artistique du couturier, et non seulement esthétique.
Aurélie Samuel (conservateur du patrimoine), commissaire de l’exposition, précise : « Yves Saint Laurent ne cherche pas à copier ou restituer une mode étrangère mais à en comprendre la structure et la symbolique qu’elle véhicule. » Armé de tout son savoir, sa touche va être de mixer les influences.
De Chine, il va s’inspirer de l’opéra. En particulier pour son ensemble composé d’un pantalon et d’un patelot de velours de soie noire, décorée de vagues stylisées dorées. Cette veste, portée par l’acteur Shi Pei Pu (1938-2009), évoque l’opéra chinois La Dame de Shanghai, imaginé par Orson Welles, en 1947. Les motifs sculptés dans divers objets provenant de la collection Samuel et Myrna Myers – dont un disque bi de médiation (culture de Liangzhu) en jade marbré, une boîte en laque sculptée (Japon, XXe siècle), et un vase à couvercle daté de la dynastie Han (1er-2e siècle ap. J.-C.) – se retrouvent dans les motifs des ensembles imaginés par Yves Saint Laurent.
D’Inde, le couturier reprend les broderies à miroir et les couleurs vives qui évoquent les teintures naturelles (garance, indigo, curcuma) du Rajasthan (nord du pays). Il s’inspire également de la forme des sari, dont un en or, couleur qui était selon YSL « la pureté et la coulée de la source qui moule le corps jusqu’à en faire une ligne ». Les tenues sont placées en parallèle d’oeuvres du musée Guimet : une statue de cavalier en argent de la fin du XIXe siècle, deux portes de palais et un palanquin en marqueterie polychrome d’ivoire, de palissante et de bois de rose.
Pour le motif du coeur, que l’on retrouve autant sur les habits que dans ses bijoux, le couturier s’inspire du motif de la palmette [motif décoratif en forme de feuille de palmier], porté en bijou par les empereurs moghols. Chaque saison, le mannequin qui portait la tenue « coup de coeur » du couturier arborait ce bijou porté en collier, en broche, ou bien sous un turban.
Une salle intermédiaire est consacrée au projet du parfum opium. « Si j’ai choisi Opium comme nom pour ce parfum, c’est que j’ai espéré intensément qu’il pouvait, à ravers toutes ses puissances incandescentes, libérer les fluides divins, les ondes magnétiques, les accroche-coeurs et les charmes de la séduction qui font naître l’amour fou, le coup de foudre, l’extase fatale lorsqu’un homme et une femme se regardent pour la première fois » (Yves Saint Laurent). Le couturier-artiste s’implique énormément dans la conception du parfum, lancé en octobre 1977, dans le lieu même de l’actuel musée YSL Paris. Il dessine et valide chaque étape du processus de fabrication, du flacon (imaginé avec Pierre Dinand) au dossier de presse ! Lancé aux Etats-Unis un an plus tard, sur une jonque nommée le Peking dans le port de New York, Opium déclenche la foudre de l’American Coalition Against Opium and Drugs ainsi que des associations chinoises américaines qui voient dans le choix du nom une provocation diplomatique.
Un petit film permet de voir les différentes étapes de la création de ce parfum, l’un des plus grands succès dans l’histoire du parfum.
Le parcours se termine sur les créations d’inspiration japonaise. Le couturier est passionné par la culture du pays du Soleil Levant et est fasciné par le théâtre kabuki et le kimono, qu’il revisite en forme de T, privilégiant la fluidité des lignes pour accompagner la silhouette dans le mouvement, au lieu de l’entraver.
Une exposition raffinée, dans un écrin luxueux qui sied parfaitement aux pièces à découvrir. Le talent d’YSL ne cessera de nous fasciner !