Jusqu’au 29 août 2016
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee—Exposition-BILLET-MUSEE—EXPOSITIONS-PIDOU.htm]
Catalogue de l’exposition :
Centre Pompidou, Galerie 4 (niveau 1) + Salles 39 et 40 (niveau 5 du Musée), Paris 4e
Le Centre Pompidou s’est donné pour objectif de favoriser la dé-segmentation des disciplines artistiques. Dans cette veine, « Un art pauvre » questionne le thème du « pauvre » dans la création des années 1960/70, qu’elle soit plastique – avec le courant italien de l’Arte Povera -, musicale, architecturale, théâtrale ou encore cinématographique.
Je vais vous parler ici de ce que j’ai pu voir : les arts plastiques (galerie 4, niveau 1) et l’architecture/le design (niveau 5 du Musée national d’art moderne).
Ecologiques avant l’heure, les artistes qui répondent au manifeste de l’art pauvre se rebellent contre la société de consommation incarnée par le modèle américain. Ils souhaitent arrêter de créer avec du neuf pour favoriser la récupération et les matériaux souvent naturels.
« Ce qui intéresse les artistes dans cette économie frugale, ce n’est pas la faiblesse, c’est la réinvention, le potentiel créatif », explique Frédéric Paul, commissaire de l’exposition pour la section des arts plastiques.
L’Arte Povera, né dans le foyer industriel de Turin et dont l’expression est inventée en 1967 par le critique Germano Celant, ne se limite pas pour autant à ces caractéristiques. Ainsi, la colonne sur pied de Luciano Fabro est composée de verre de Murano et de soie naturelle – pas vraiment des matériaux cheap ! Mais elle se rattache au courant de l’Arte Povera car la base de la colonne en forme de pied de dinosaure évoque une forme de primitivisme, de « retour à la nature », revendiqué par les initiateurs du mouvement.
L’exposition nous propose de découvrir la richesse de ce courant à travers une quarantaine de noms plus ou moins connus. Lucio Fontana, Piero Manzoni et Alberto Burri qui ouvrent le parcours mais aussi Jannis Kounellis, Giuseppe Penone (dont quelques oeuvres sont présentées actuellement au musée Rodin), Michelangelo Pistoletto, figurent, entre autres, parmi les artistes exposés.
Ce qui m’a frappée dans cet espace comme leur caractéristique commune est que leurs oeuvres dévorent l’espace. En particulier Totem domestico de Piero Gilardi (1964), grosse boule de pierre accrochée tel le pendule de Foucault, qui donne l’impression de légèrement tourner sur elle-même mais sans en avoir l’air. Plus que des sculptures, ce sont des créations à la limite de l’installation, qui se veulent des actes de revendication voire de guérilla.
Et c’est en ce sens que ces artistes se rapprochent des architectes qui ont formé plus tard (de 1973 à 1975) le Global Tools, « contre-école d’architecture et de design » explique Marie-Ange Brayer, commissaire de la section architecture et design.
Ettore Scottsass, Andrea Branzi, Franco Raggi, etc., se réunissent pour repenser l’espace social et politique. Riccardo Dalisi souhaite ainsi « faire de l’architecture » en installant des chaises de papier mâché autour des gens, à l’image des « hommes sandwich ». Car, selon lui, l’architecture c’est avant tout créer du lien social.
Finalement, ces artistes/architectes/designers réalisent plus des performances ou recourent au savoir-faire artisanal. Pour se ré-approprier l’espace urbain par des actions à l’encontre de la société de consommation, perçue comme aliénante et désincarnée.
A l’aune de ces revendications, tout un programme autour de la danse, du cinéma, des performances est proposé à travers l’ensemble des salles du Centre Pompidou. Un programme riche qui contredit le titre même de l’exposition !