Imaginaire guerrier du Japon
Jusqu’au 29 août 2022
#ExpoArcEtSabre
#museeguimet
@MuseeGuimet
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Exposition sur les représentations du guerrier japonais, « L’Arc et le Sabre » dévoile de surprenants casques en fer de fonte surmontés d’animaux symboliques, des estampes d’acteurs de théâtre sur-déguisés et maquillés et des figurines de super-héros. 99% des oeuvres présentées sont japonaises ; avis aux amateurs de la culture du Soleil Levant !
Entre le 12e et le 19e siècle, le samouraï se positionne en haut de l’échelle sociale. Il doit cultiver la voie du guerrier (bushido), qui comprend les armes (katana), le développement de la poésie et du théâtre nô. Il partage avec les moines bouddhistes la voie du thé (chado), de l’encens (kodo) et des fleurs (ikebana).
Une série de quinze estampes d’Utagawa Hiroshige illustrent les valeurs nobles, de loyauté et de fidélité, associées aux samouraïs à travers les péripéties de 47 ronins. Ayant perdu leur maître**, ils le vengent mais doivent ensuite pratiquer le seppuku (suicide). Cette histoire, qui s’appuie sur des faits véridiques, a donné lieu à de nombreuses représentations théâtrales et picturales dont l’ensemble des interprétations est regroupée sous le titre Chushingura (« Le trésor des vassaux fidèles »).
Au 17e siècle émerge un théâtre plus populaire, le kabuki, inspiré du théâtre de marionnettes (bunraku) qui vient caricaturer l’image noble du samouraï et des seigneurs (daimyo). Les acteurs sont grotesques, habillés et maquillés avec outrance. Ce théâtre, dont la trame narrative est beaucoup plus rapide que le théâtre nô, est particulièrement apprécié de la bourgeoisie urbaine.
L’image du samouraï investit également la culture populaire. On le retrouve incarné dans les héros de manga – genre qui se développe au 19e siècle suite à la présence des G.I américains sur le sol nippon et leur goût pour les comics -. Puis avec les super-héros du 20e siècle, de Goldorak à Dark Vador en passant par Bioman. Le parcours se termine sur les affiches de films qui ont été inspirés par les actions des samouraïs.
La seule oeuvre non japonaise de l’exposition représente un buste de samouraï en cristal réalisé par l’artiste français Patrick Neu (1963), qui joue du paradoxe entre la protection sensée être apportée par l’armure et la matière, ici cassable.
Le musée Guimet possède plus de 20000 objets dans ses collections japonaises. « C’est une des plus grosses collections européennes avec le British Museum, précise Vincent Lefèvre (directeur des collections du MNAAG). C’est un régal de découvrir cette très belle sélection.
**Asano Naganori (1667-1701) était chargé d’organiser dans la ville d’Ako la cérémonie d’accueil du shogun qui se rendait à la cour de l’empereur. Kira Yoshinaka (1611- 1702), maître de cérémonie du shogun, l’initia au protocole rigide présidant à ces occasions. Se montrant particulièrement désagréable voire insultant avec son hôte, Asano l’attaqua au sabre et le blessa au visage. Dégainer une arme dans le palais du shogun était un acte sévèrement condamné : pour ce crime, Asano dut se suicider par éventration (seppuku), ses terres furent confisquées et les samouraïs à son service se retrouvèrent sans maître, devenant ainsi des ronins, hommes d’arme errants. Fidèles à leur maître au-delà de la mort, ils organisèrent l’attaque de la maison de Kira, le tuant en décembre 1702. Les quarante-sept ronins furent condamnés à se faire seppuku le 4 février 1703.