Jusqu’au 18 juillet 2016
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-APOLLINAIRE–LE-REGARD-DU-POETE-VGAPO.htm]
Catalogue de l’exposition :
Musée de l’Orangerie, Jardin des Tuileries, Paris 1er
Le musée de l’Orangerie rend hommage au poète Guillaume Apollinaire (1880-1918) lorsqu’il a mené une carrière de critique d’art, essentiellement entre 1902 et 1918.
Sa sensibilité et son insatiable curiosité font d’Apollinaire à la fois un témoin, acteur, et relayeur des bouleversements artistiques du début du XXe siècle. Découvreur des arts africains, ami des artistes, il joue un rôle central dans la révolution esthétique qui donne naissance à l’art moderne.
En 1950, André Breton déclare dans ses entretiens radiophoniques qu’Apollinaire a « situé une fois pour toutes la démarche d’un Matisse, d’un Derain, d’un Picasso, d’un Chirico […] au moyen d’instruments d’arpentage mental comme on en avait plus vus depuis Baudelaire ».
Le parcours explore l’univers spirituel d’Apollinaire à travers différentes thématiques : les artistes qu’il découvre (le Douanier Rousseau, Matisse, Picasso, Braque, Delaunay), les mouvements qu’il accompagne (du cubisme au surréalisme), les arts qu’il soutient (arts premiers et populaires). De poète initié à fin critique d’art, Apollinaire deviendra le conseiller du galeriste Paul Guillaume (1891-1934).
Guglielmo dit Wilhelm Alberto Wladimiro de Kostrowicki naît à Rome, d’Angelica de Kostrowicki et de père inconnu. Guglielmo vit successivement à Bologne, Monaco, Cannes et Nice. Il écrit et dessine dès l’adolescence. Il se forge son nouveau nom Guillaume Apollinaire.
Il s’installe avec sa mère et son demi-frère Albert, de deux ans son cadet, à Paris en 1899. Il explore la capitale et ses bibliothèques.
En 1900, il publie ses trois premiers poèmes dans Le Mercure de France. Puis il écrit une chronique d’art dans La Revue blanche et L’Européen. En 1903, il rencontre Alfred Jarry et André Salmon. Il fonde la revue Festin d’Esope. Il fait la connaissance de Vlaminck et Derain.
Apollinaire se lit avec Max Jacob et Picasso – une section spéciale de l’exposition est consacrée à cette amitié * -. Ce dernier lui présente Marie Laurencin dont il tombe amoureux (1905-1912).
Un an plus tard, il rencontre le Douanier Rousseau et découvre l’oeuvre de Matisse. Comme pour Picasso, il publie un article fondateur sur Matisse (dans La Phalange, 1907).
Le poète écrit une préface de la première exposition de Braque à la galerie Kahnweiler, considérée comme la première expression du cubisme. Kahnweiler lui permet de publier le recueil L’enchanteur pourrissant, illustré des gravures de Derain (1909).
En 1910, il obtient la chronique artistique du quotidien L’Intransigeant (jusqu’en 1914). Il fréquente tous les lieux parisiens dédiés à l’art moderne.
Apollinaire se rapproche du couple Delaunay. Il rencontre Paul Guillaume, fasciné comme lui par l’art africain. En 1911, il publie son recueil poétique Bestiaire ou Cortège d’Orphée, illustré des gravures de Dufy. Il découvre la salle 41 du Salon des Indépendants qui apparaît comme la première manifestation publique et collective de la peinture cubiste.
En 1912, il fonde la revue Les Soirées de Paris. Il côtoie le couple Picabia et Marcel Duchamp. Il assiste au vernissage de la première exposition de la peinture futuriste italienne à la galerie Berheim-Jeune. Il publie dans Paris-Journal « Exotisme et ethnograhie ».
Apollinaire accompagne Delaunay à Berlin pour son exposition à la galerie Der Sturm. Si les écrits d’Apollinaire sur l’art paraissent dans de nombreux périodiques, le seul livre de critique publié de son vivant sera Les peintres cubistes. Méditations esthétiques. En 1912 est également publié son recueil de poésies Alcools. Apollinaire écrit ses premiers articles sur Giorgio de Chirico et compose ses premiers idéogrammes lyriques qui deviendront ses Calligrammes.
En 1914, grâce au poète, Chagall expose à Berlin, à la galerie Der Sturm. Entrée en guerre de la France ; Apollinaire demande sa naturalisation et s’engage. Deux ans plus tard, il est blessé à la tête par un éclat d’obus. Il revient à Paris et organise une exposition Derain chez Paul Guillaume. Publication de son recueil Le Poète assassiné.
En 1917, il invente le mot « sur-réaliste » à l’occasion du ballet Parade, donné au Théâtre du Châtelet, et associant les créations de Picasso, Massine, Satie et Cocteau. Terme que reprendra Breton quelques années plus tard pour baptiser son mouvement. Apollinaire fait représenter sa pièce Les Mamelles de Tirésias à Montmartre. Avec Paul Guillaume, il publie l’album glorifiant l’art africain Sculptures nègres.
Le poète-critique donne une conférence sur l »‘Esprit nouveau et les poètes » (1917), au cours de laquelle il prédit que le phonographe et le cinéma seront les nouveaux vecteurs de la poésie.
Il incite P. Guillaume à organiser une exposition simultanée d’oeuvres de Matisse et de Picasso. Apollinaire signe tous les textes du premier numéro de la revue Les Arts à Paris, fondée par Paul Guillaume. Son recueil Calligrammes est publié en 1918. Il épouse Jacqueline Kolb (mai). En novembre 1918, il décède de la grippe espagnole ; il est enterré au Père-Lachaise.
Si la tranche chronologique de l’exposition est restreinte, la vie d’Apollinaire est tellement truffée de rencontres et d’activités artistiques qu’il y avait de quoi monter une belle exposition. Elle offre un regard conséquent sur la vie d’Apollinaire, dont l’intérieur de son appartement résume ses passions esthétiques : tableaux de l’avant-garde, fétiches africains, marionnettes. Et permet de réaliser à quel point son oeuvre poétique reste indissociable de sa critique d’art.
* Parallèlement, le musée national Picasso-Paris présente dans le cadre de son exposition « Picasso. Sculptures » (jusqu’au 28 août 2016) le monument dédié à Apollinaire que Picasso souhaitait réaliser.