Annie Leibovitz, A Photographer’s Life, 1990-2005
William Klein, Dressage
Sophie Elbaz, L’envers de soi
Eric Aupol, Clairvaux
Jusqu’au 14 septembre 2008
Maison Européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy 75004, 01 44 78 75 00, 6€ (gratuit tous les mercredis de 17h à 20h)
La Maison Européenne de la Photographie (MEP) présente sa nouvelle série d’expositions avec comme point d’orgue 200 photographies de l’Américaine Annie Leibovitz (née en 1949 dans le Connecticut). Entre deux photos de people, l’artiste expose un reportage sur Sarajevo, des images de Susan Sontag hospitalisée et de son père sur son lit de mort…
Portraits de stars (Patti Smith entourée de ses enfants, Johny Depp allongée sur Kate Moss nue, Brad Pitt dans un stretch léopard qui entache son look de play boy!), de politiques (Bill Clinton assis sur le fameux bureau oval; George Bush ceinture et pin’s à l’effigie de la Super Puissance, entouré de son cabinet ministériel; membres de l’Etat Major américain bardés de leurs décorations), sportifs de haut niveau ou encore personnages cinématographiques (Droïde, R2D2) offrent un panorama diversifié des célébrités immortalisées par Annie Leibotvitz.
Sa carrière a commencé sur les chapeaux de roue en 1970. Alors qu’elle est engagée pour le magazine Rolling Stone et n’a suivi que des cours du soir en photographie, son tout premier reportage est publié en couverture avec une image de John Lennon nu, enlacé à Yoko Ono. Quelques heures avant l’assassinat du leader des Beatles. Sa couverture fait l’effet d’une bombe et propulse la jeune femme sur la scène médiatique. Au cours des dix années de collaboration avec le mensuel rock’n’roll, elle réalise 142 couvertures, couvrant la démission de Richard Nixon (1974) aussi bien que la tournée des Rolling Stones (1975). La photographe travaille ensuite pour des magazines de mode, dont Vanity Fair, pour qui elle réalise une autre couverture choc: Demi Moore, nue et enceinte, entourée des mains de Bruce Willis. Puis vient le temps de Vogue et des grandes campagnes publicitaires.
Parallèlement, Annie Leibovitz photographie sa vie intime. Pour casser la vision mythique, hollywoodienne, qui se dégage des portraits de VIP (tous en couleur), des photographies d’événements tragiques sont intercalées. Telles les images de Sarajevo ou celles prises au lendemain du 11 septembre. Celles-ci sont en noir en blanc. Double effet de contraste. Comme celles de sa famille.
Sa compagne Susan Sontag est omniprésente. Annie l’a accompagnée à travers les Etats-Unis, allant dans des endroits où elle n’aurait jamais posé les pieds, confie-t-elle. Elle l’a aussi suivie dans sa lutte contre le cancer jusqu’à ce qu’elle s’éteigne (2004). Au final, seule reste la collection de coquillages et de galets de la romancière américaine. Si Annie Leibovitz photographie ses proches, elle aime également s’immortaliser elle-même. Nue, enceinte, ou dans sa baignoire. Incroyablement impudique.
La dernière thématique porte sur ses immenses photographies de paysages: Amérique de l’Ouest, forêts de l’Etat de New York, Jordanie. Images de la nature à l’état sauvage qui font face au portrait sophistiqué de la reine d’Angleterre Elisabeth II et à celui, magnifique – contrairement à ce que l’intéressée en pense -, de sa mère.
A travers cette exposition, organisée par le Brooklyn Museum de New York, la vie privée d’Annie Leibovitz se dévoile silencieusement, en pointillé de son effervescence publique. On se régale de l’art de la mise en scène d’une photographe, devenue aussi célèbre que ses sujet.