Jusqu’au 16 août 2008
Salle Saint-Jean de l’Hôtel de Ville, 5, rue Lobau 75004, Entrée libre
La Princesse de Monaco, comme vous n’auriez jamais pu l’approcher d’aussi près. L’exposition hommage à Grace Kelly, inaugurée au Grimaldi Forum Monaco (été 2007) arrive à l’Hôtel de Ville de Paris. L’exposition livre au public les multiples jardins privés de la Princesse. De sa robe de mariage aux films familiaux qu’elle réalisait elle-même, de ses bijoux royaux à sa correspondance avec son mentor Alfred Hitchcock… Les yeux ne savent plus où donner du regard tant les souvenirs exposés sont prolixes. Pour révéler une image, certes glamour de l’actrice hollywoodienne, mais surtout incarner un engagement modèle auprès des siens.
Grace Kelly naît à Philadelphie le 12 novembre 1929, d’émigrants irlandais catholiques. Son grand-père bâtit sa fortune en tant qu’entrepreneur dans la brique. Son père, John B. Kelly fructifie l’affaire et se distingue par ses exploits sportifs: il remporte à deux occasions la médaille d’or olympique en aviron (1920 et 1921). Sa mère, d’origine prussienne, élève ses enfants dans la tradition catholique, en les abritant de la dure réalité sociale – Dépression de 1929 – tout en étant exigeante.
Soutenue par son oncle, lui-même dans le milieu, Grace entreprend des études en art dramatique à New York à la fin des années 1940. Pour payer ses études, la jeune fille pose comme mannequin pour des publicités (Coca-Cola, Colgate) et des magazines (Life, Look). Elle obient le rôle de la fille du célèbre comédien Raymond Massey (1896-1983) dans la pièce d’Auguste Strindberg, Le Père, et attire l’attention de la critique. Grace Kelly participe également à des émissions de télévision – medium alors en plein essor – en dépit de sa myopie et de son éducation qui lui procurent un effet distancié. Naturellement compensé par son talent et sa beauté. A 22 ans, elle obtient son premier rôle dans Fourteen Hours. Un an plus tard, elle est enrolée dans High Noon (Le Train sifflera trois fois) avec Gary Cooper. Un western noir et blanc qui crée la surprise par son succès international grâce à la réalisation sensible de Fred Zinnemann et la révélation de Grace.
A ce moment là, Grace entretient une idylle avec le couturier Oleg Cassini, qui habille Jacky Kennedy et la jeune fille dès leur rencontre. Bien que fils de bonne famille, Oleg n’a pas la cote auprès des parents de la belle car 1) il est divorcé [de l’actrice américaine Gene Tierney] et 2) il n’est pas catholique [il est orthodoxe].
La jeune femme flirtera également avec l’acteur français Jean-Pierre Aumont, plébiscité par le public américain pour son léger accent, son statut d’héros de guerre et ses manières de French lover.
Pourtant, c’est en 1955 que le destin de Grace Kelly se scelle, faisant d’elle l’une des femmes les plus titrées d’Europe (la liste étant trop exhaustive, rendez-vous à la section « royale » de l’exposition!), en raison de l’ancienneté de la dynastie Grimaldi.
Après la comédie musicale High Society (1956), chantée par Bing Crosby et Frank Sinatra, qui deviendra le parrain de Stéphanie de Monaco, la Princesse Grace renonce à sa carrière cinématographique pour se consacrer à ses devoirs d’Altesse et à sa famille.
Une section originale de l’exposition met en scène une table d’hôtes avec au creux de l’assiette une vidéo des films d’archives représentant la Princesse de Monaco, auprès de son mari, dans ses différentes rencontres officielles. Mais contrairement au Grimaldi Forum, le public n’a pas l’autorisation de s’assoir sur les chaises (pour des questions de sécurité) et s’imaginer être un invité d’honneur!
Quant au commissaire de l’exposition, Frédéric Mitterand, il ajoute ces mots, qui résument avec emphase cette riche exposition: « Elégance d’une jeune fille fortunée de Philadelphie incarnant le rêve américain, élégance de la débutante des magazines sophistiqués et des comédies sentimentales exprimant l’optimisme de l’immédiat après-guerre, élégance du glamour hollywoodien en technicolor, élégance de la femme aimante qui choisit librement de changer le cours de son existence [ce qui a du outrager les orthodoxes féministes!], élégance d’une mère tendre et d’une princesse qui se dévoue efficacement et sans compter pour les siens, élégance d’une réserve souriante qui fascinait les médias et d’un style de vie ultrasensible et poétique retenant une part de mystère, élégance d’une beauté préservée par la permanence d’un charme juvénile, élégance d’une époque dont elle fut la passagère et dont chacun ressent la nostalgie. Et puis aussi élégance d’une parisienne d’adoption qui aima profondément notre capitale en y séjournant de manière régulière [pour ses achats de mode] ».
Un destin de rêve qui se termine de manière tragique – à 51 ans, Grace perd le contrôle de sa voiture (14 septembre 1982) – ce qui contribue à forger le mythe de la Princesse de Monaco.
Une très belle exposition qui dévoile le destin d’une femme exceptionnelle, héroïne d’un conte de fées à la fois moderne et traditionnel. En dépit d’un disproportionnement des objets exposés – l’essentiel est concentré au premier niveau -, la scénographie fait preuve d’invention et de détails pointus (par exemple, l’écran qui diffuse le film du mariage prend la forme d’une nef pour accompagner le couple jusqu’à l’autel).
Le visiteur est à la fois ébloui par tant d’intimité dévoilée ; mais la belle n’en perd-t-elle pas une part de son mystère, nécessaire à l’entretien de sa légende?