Jusqu’au 7 février 2016
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-ANSELM-KIEFER–L-ALCHIMIE-DU-LIVRE-ANSEL.htm]
Catalogue de l’exposition :
BnF site François-Mitterand, Paris 13e
Alors que le Centre Pompidou va présenter à partir du 16 décembre 2015 une grande rétrospective sur Anselm Kiefer, l’artiste allemand (né en 1945 à Donaueschingen, vit aujourd’hui en France) a souhaité présenter de manière distincte un aspect plus personnel et moins connu de son oeuvre : ses livres. Bruno Racine, président de la BnF, lui a donné carte blanche.
Exposé dans le monde entier et (re)connu pour ses tableaux et ses sculptures, Anselm Kiefer n’avait encore jamais eu l’occasion de présenter ses livres. Alors qu’ils représentent 60% de son travail.
L’artiste les crée depuis des décennies. Ils ont été son premier geste artistique, alors qu’il était étudiant à l’école des Beaux-Arts de Karlsruhe (1968). Avant même de concevoir des tableaux.
A. Kiefer les réalise en exemplaire unique et de format différent, selon les années. Leurs pages comprennent divers matériaux : argile, sable, cendre, cheveux, plantes, paille, photos…. Et bien sûr, son médium fétiche : le plomb. D’abord utilisé sous forme de feuilles ou de fragments, avant de constituer, vers la fin des années 1980, les livres eux-mêmes, pouvant peser jusqu’à 200 kg ! L’artiste apprécie le plomb pour sa puissance poétique et spirituelle : associé à la planète Saturne et à la mélancolie, il est aussi utilisé par les alchimistes dans leur quête de transformation d’une matière vile en or.
L’exposition est intimiste car la scénographie recrée son atelier et sa bibliothèque personnelle, qui témoigne de son travail sur la mémoire individuelle et collective. En tant qu’artiste allemand, il se demande jusqu’au début des années 1990 comment créer après Auschwitz…
J’ai particulièrement été attirée par deux immenses toiles-sculptures comprenant chacune un livre. Clairière (2015), inspirée de la pensée de Heidegger et des autodafés des livres par les Nazis, fait face au Livre (2007), marine qui à l’inverse sacralise le livre et évoque son symbole de savoir et d’élévation spirituelle. J’aime aussi ses livres au motif floral (fougères, tournesols, plantes médicinales), collé à même la page ; ses nus aquarellés (Eos, en posture de yoga !) peintes sur des pages en trompe-l’oeil de marbre. Et ses sculptures de femmes antiques, portant des robes de plâtre et dont la tête est constituée d’une pile de livres, en plâtre ou en plomb. Telles des gardiennes de bibliothèques des temps éternels.