Jusqu’au 17 février 2013
Maison de Balzac, 47 rue Raynouard, Paris XVIe, Entrée libre
« Chacun sait que depuis 1830 le carnaval a pris à Paris un développement prodigieux qui le rend européen et bien autrement burlesque que le feu carnaval de Venise », écrivait Balzac. La Maison de Balzac célèbre le carnaval parisien dans une exposition légère et caustique.
« Voilà le carnaval ! – époque de plaisir, de vie, de mouvement, de fatigue, d’ivresse, d’intrigues, de liaisons, de ruptures, de désastres conjugaux, de triomphes amoureux, de serments, de trahisons, de coquetterie, de supercherie, de filouterie et de préfecture de police ! Ohé, les badouillards, les chicards, les flambards, les braillards, les balochards ! – ohé ! ohé ! » (Physiologie Carnaval, du Cancan et de la Cachucha par un Vilain Masque).
Le carnaval est une période de dérèglement à la fois poétique, grotesque, exubérante et passionnée, représentée dans l’exposition par une soixante d’œuvres marquées du trait incisif de Benjamin, Daumier, Gavarni ou Maurisset. Les commentaires des meilleures plumes de l’époque – Balzac, Théodore de Banville, Théophile Gautier, les frères Goncourt, Charles Philipon – accompagnent les dessins.
La « promenade du bœuf gras » donne le signal des réjouissances. La plupart des Parisiens se réunissent sur les boulevards et les quais pour participer au cortège précédé par le plus gros bœuf de Normandie. Le fin crayon de Gavarni immortalise ces masques qui ont inspiré tant de récits. Qui se cache sous le déguisement d’un loup ? Une charmante héritière, quelque grand-mère ayant gardé une jolie ligne ou sa propre tante ? Pierrot, Arlequin ou Polichinelle côtoient tritons, ours, caciques, turcs, troubadours, duchesses, laitières ou batelières du Danube.
Les artistes évoquent également le souper – institution carnavalesque qui détrône le déjeuner et le dîner. On se retrouve dans les villages entourant Paris, où le vin est moins cher, pour s’enivrer. Plus feutrée est l’ambiance au Véfour ou chez Véry, restaurants célèbres pour leur excellente cuisine assortie de tarifs élevés, et leurs cabinets privés, objets de nombreux fantasmes.
Les bals publics sont tout autant prisés et le chef d’orchestre Napoléon Musard – « maître suprême de la musique échevelée » – connaît une véritable gloire. Il se surpasse dans le galop, danse qui clôture le bal et va jusqu’à recourir au canon pour entretenir l’enthousiasme et la bonne humeur. Comparé à une charge de cavalerie, le galop est l’une de ces nouvelles danses « frénétiques » comme la polka, le cancan, la cachucha (ou chahut-chat), qui mettent en avant la souplesse et les qualités physiques des danseurs.
Dommage que l’exposition ne s’étende pas aux dates du carnaval contemporain! Une riche exposition dans un petit musée à l’ambiance feutrée. Un lieu insolite à découvrir.