Collectionneurs d’avant-garde au Havre

Le Cercle de l’art moderne

Jusqu’au 6 janvier 2013

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Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, Paris VI

 

Aventure provinciale singulière, le Cercle de l’art moderne a permis de conférer une âme avant-gardiste et artistique à la jeune ville du Havre (créée en 1517). Autrement plus connue pour son aspect industriel! Présentations sont faites au musée du Luxembourg.

 

Le Cercle de l’art moderne, fondé en 1906, naît de la rencontre entre des artistes et des négociants collectionneurs, enrichis par l’activité portuaire du Havre. Comme le résume laconiquement Eugène Boudin : « Pas de coton, pas de tableaux ».

Georges Braque, Raoul Dufy, Emile Othon-Friesz se lient avec Olivier Senn, Charles-Auguste Marande, Pieter van der Velde, Georges Dussueil, Oscar Schmitz et Edouard Lüthy pour promouvoir l’art moderne au Havre.

La ville bénéficie d’une politique culturelle active par les édiles locaux qui créent le musée d’Art moderne en 1845 et invitent les artistes importants du moment. Manet est ainsi récompensé en 1868 pour son Torero mort, refusé cinq ans plus tôt au Salon de Paris. Proche géographiquement, la ville entend être plus avant-gardiste que la capitale!

Parallèlement à l’importation de produits exotiques qui permettent aux négociants de s’offrir des tableaux naît une nouvelle génération de collectionneurs. Tous issus de la Société des amis des arts, ils se distinguent par leur fréquentation des jeunes talents. Ils se rendent fréquemment à Paris pour les découvrir, voir les expositions du Salon d’Automne et des Indépendants, visiter les galeries à la pointe de l’art (Druet, Bernheim, Vollard), les salles de vente et les ateliers d’artistes.

Si Olivier Senn ouvre sa collection avec des oeuvres majeures de Delacroix et Courbet des années 1850 et s’intéresse ensuite aux (post-)impressionnistes (Degas, Cross, Bonnard, Vuillard), Dussueil et Van der Velde portent d’emblée leur attention sur Matisse. Au même moment que les Stein et avant les Morozov ou les Chtchoukine. Van der Velde se distingue en achetant La Parisienne de Montmartre de Van Dongen (vers 1907/08), dont les couleurs osées du chapeau choquent la « pudeur prudente » de l’époque.

Connivences et émulation régissent les rapports entre ces collectionneurs, qui n’hésitent pas à se racheter les oeuvres. Mais les recherches stylistiques des artistes appartenant au Cercle de l’art moderne les conduisent à emprunter des voies différentes et à dissoudre l’association en 1910.

L’exposition nous fait découvrir l’univers sensible de ces collectionneurs d’avant-garde, eux-mêmes avant-gardistes dans leur jugement et dont les oeuvres sont aujourd’hui dispersées – hormis celles de Senn et Marande qui sont aujourd’hui conservées au musée d’Art moderne André Malraux au Havre. Allant jusqu’à présenter les oeuvres intimes – les nus qui étaient réservées aux pièces privées des demeures et qui avaient joliment fait scandale aux Salons parisiens (La Saltimbanque au repos de Charles Camoin, 1905). Un plaisir dévoilé que l’on ne se cache pas d’apprécier!

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