Les Halles de Robert Doisneau par Vladimir Vasak
Editions Flammarion, novembre 2011, 160p., 30€
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A l’occasion du centenaire de la naissance de Robert Doisneau l’Hôtel de Ville de Paris organise une exposition jusqu’au 28 avril 2012 (entrée libre) sur les Halles mitraillées par Doisneau de 1933 à sa mort (1994). Les Editions Flammarion éditent le catalogue de l’exposition, que j’ai largement préféré à l’exposition!
En effet, le catalogue broché se présente comme un livre d’art où sont reproduits avec minutie les tirages, pour la plupart vintage, de l’exposition. Qui présente, elle le désavantage de les exhiber en format réel, soit en tout petit format! L’effet visuel en est atténué.
Les anciens pavillons de Victor Baltard, achevés en 1866, étaient un lieu d’échange et de commerce, l’ancêtre du marché de Rungis, l’âme humaine en sus. Au milieu du XXe siècle, plus de 5.000 personnes travaillent aux Halles: commerçants, cafetiers, journaliers et les indispensables « forts des Halles », capables de porter sur leur dos une charge de 200kg. Autrement dit, rien à voir avec les Halles actuelles, en passe elles-aussi de changer (Seura Architectes est en charge du nouveau jardin, Patrick Berger & Jacques Anziutti Architectes conçoivent la Canopée), dont le projet est développé en fin d’exposition.
On comprend dès lors l’énorme incompréhension et chagrin des Parisiens, lorsque les Halles sont menacées d’extinction dans les années 1960, en raison de leur surface limitée face à l’expansion de la capitale, leur insalubrité et leur densité. Robert Doisneau, lui-même inquiet et en colère, entreprend de venir une fois par semaine se plonger dans leur tourbillon pour vivre leurs derniers instants. « Je me levais donc à 3 heures du matin, à Montrouge, pour me rendre là-bas, parmi les travailleurs de l’aube, ceux qui déchargeaient les camions, ceux qui mettaient la marchandise en place. Difficile de photographier : manque de lumière, réflexes ralentis par la fatigue, tellement d’images possibles! Et puis c’était intimidant. Mais je me suis accroché. Je savais que cela allait disparaître. Je voulais absolument en fixer le souvenir. »
Son regard esthétique et sociologique enregistre la destruction des pavillons en 1971, les différents états du « trou », le chantier de reconstruction. Puis, il va à Rungis pour voir ce que sont devenus ses amis. Et de constater la disparition, dans un univers de béton, de ce qui faisait « l’esprit des Halles parisiennes », commente la commissaire de l’exposition, Francine Deroudille.
La plupart des 208 tirages sont en noir et blanc, une section est consacrée à la couleur. Mais, comme je vous le disais en préambule, les jeux de lumière et de transparence sur les entrelacs de l’architecture métallique Baltard, ou encore l’âme du lieu à travers les visages et les gestes des commerçants, ressortent mieux horizontalement que verticalement!