Le Louvre invite J.M.G. Le Clézio
Jusqu’au 6 février 2012
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Musée du Louvre, Aile Sully, Salle de la Chapelle, 75001
Pour Jean-Marie Gustave Le Clézio, « il n’y a pas de hiérarchie en art ». Invité par le Louvre à proposer un nouveau regard sur les collections du musée, l’écrivain fait côtoyer des oeuvres surprenantes, des quatre coins du monde. L’Afrique, le Mexique, l’Ile de Pâques et Haïti. Des oeuvres vaudou, chrétiennes, contemporaines, primitives, classiques se font face dans un jeu de miroir aussi époustouflant que déroutant. A l’image de son imaginaire littéraire.
« Les musées sont des mondes, n’en doutons pas. Nés du hasard, ou si le mot effraie, forgés comme nous-mêmes dans la fantaisie. Objets flottants, réunis par la vague et poussés par le flux sur le rivage au gré des conquêtes, des pillages, des legs et des échanges. Rien ne leur est plus étranger que la chronologie et l’ordre. » (J.-M.G. Le Lézio, novembre 2010).
Pourtant, l’Occident pense l’histoire de l’art comme une rectiligne. J.-M.G. Le Clézio prouve qu’il n’en est rien. En faisant côtoyer Nkisi Ncoki (statuette magique d’Afrique centrale), aux côtés d’une tête d’Athéna casquée (vers 470-460 av. J.-C.) et une magnifique tête féminine du royaume d’Ifé Nigéria (XIVe-XVe siècle), l’écrivain souhaite mettre en avant l’idée qu’il est important qu’il existe « au même moment, dans des lieux proches, des techniques et des concepts totalement différents, mettant côte à côte le réalisme le plus accompli et l’expression de la magie et de l’imaginaire ».
Les musées permettent précisément de faire entrer en résonnance des oeuvres de style, siècle et géographie différents. Cette vocation universelle est particulièrement inhérente au musée du Louvre, avant que ses collections ne soient scindées en fonction de leur origine géographique. « Il faut penser le Louvre avec les collections du musée Guimet, du musée national d’Art moderne, du musée d’Orsay et du musée du quai Branly », précise Henri Loyrette, président-directeur du musée du Louvre.
Certaines pièces expatriées au quai Branly reviennent ainsi pour la première fois au sein de leur giron. Telle la magnifique sculpture anthropomorphe Moai kava-kava, ayant appartenu à André Breton.
« Ici l’on parle d’art, là on parle d’artisanat », poursuit J.-M.G. Le Clézio. A l’image de son travail d’écrivain, qu’il associe à de la cuisine – une tambouille d’événements du réel qu’il juxtapose – , l’exposition est un patchwork d’oeuvres de toute valeur mercantile, un kaléidoscope de ce qui fait l’humanité. On y trouve des peintures vaudou, une toile Pietà de Louis Bréa, des antiquités grecques, un dessin de Jean-Michel Basquiat, un autoportrait d’Hector Hyppolite, des ex-voto mexicains, un Serpent et ses peaux en caoutchouc de Betsabé Romero, des nattes de l’Ile de Pentecôte. Plus surprenante encore la présence de Low Riders, ces vieilles voitures américaines (dont une Chevrolet de 1979), décorées « amoureusement comme des cathédrales », selon Marie-Laure Bernadac, commissaire de l’exposition, par les Chicanos de Los Angeles. Bref, un véritable cabinet de curiosités, éclairé de citations de Malraux, Breton – « ces passeurs d’idées »-et de l’écrivain.
A l’occasion de cette exposition qui révèle pour la première fois l’imposante toile de Guillon Lethière (1760-1830), Le Serment des ancêtres (oeuvre historique , qui illustre l’indépendance de Saint-Domingue) retrouvé sous les décombres du palais présidentiel de Port-au-Prince après le tremblement de 2010, le musée du Louvre associé à la Rmn-Grand Palais publie un ouvrage sur les peintres haïtiens dont les bénéfices de la vente seront reversés au musée d’Art haïtien pour la restauration de sa collection. N’hésitez pas à acheter ce livre pour sauver un tableau!