Automne de Mons Kallentoft
Le Serpent a plumes, mars 2011, 474p., 24€
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Avant-dernier numéro de la quadrilogie policière autour des saisons, Automne annonce le retour en force de son auteur suédois Mons Kallentoft. A croire que les saisons froides – Hiver avait été excellent et Eté décevant – semblent mieux convenir aux Nordiques!
Malin Fors se trouve confrontée à une enquête qui associe les riches châtelains de la ville à un avocat parvenu, retrouvé mort dans les douves du château de Skogsa dont il venait d’être le propriétaire. La commissaire de police de Linköping doit dans le même temps démêler ses propres sentiments envers sa famille, après le drame qu’elle a vécu l’été dernier (sa fille Tove a manqué de se faire tuer dans Eté). Et enfin reconnaître qu’elle se réfugie dans l’alcool et la solitude quand le monde ne tourne pas rond autour d’elle.
Le travail, c’est bien connu, est un parfait exutoire quand on veut fuir ses propres pensées. Malin s’enfonce donc avec soulagement dans le bourbier que forme son quotidien professionnel. Elle tente de démêler le méli-mélo des liens tissés entre les divers protagonistes. Entre le revêche Axel Fagelsjö, sa fille tout aussi hautaine Katarina et son bon à rien de fils Fredrik, Malin a du fil à retordre pour soutirer des informations qui feraient avancer l’enquête. Et quid de cet avocat véreux, exilé à Ténériffe, Jochen Goldman?
Pourtant, Jerry Petersson était un solitaire, rattaché a priori à personne. Alors qui pouvait bien lui vouloir du mal?
« D’une certaine manière, pense-t-elle [Malin], on peut toujours voir Jerry Petersson comme le produit ultime de la ville, Linköping, dont les habitants perdent leurs racines à force de courir après l’argent et le matériel, le statut et le ridicule qui vont avec. Regarde maman, elle n’a jamais réussi à se sentir chez elle quelque part. Je n’y crois pas. Malin pense à la maison de Jan, et à l’appartement. Cela la fait souffrir, alors elle chasse cette pensée de son esprit. Elle refuse de s’avouer qu’elle est, de bien trop de manières, pareille que sa mère. Elle repense plutôt à Jerry Petersson, qui a toujours voulu être quelque chose qu’il ne pouvait pas être. Il a trahi sa classe. Typique. Comme un bon chien qui ne pourra jamais gagner aucune compétition, tout simplement parce qu’il n’a pas le bon pedigree. »
Mons Kallentoft nous entraîne dans une noirceur sans abîme, où la violence familiale se répercute sur les nouvelles générations. Il est question de vers qui fourmillent dans le corps du tueur qu’il ne peut chasser qu’en faisant ressortir la haine qu’il a subi dans son enfance. Il est question de solitude, d’amours brisés, pour des raisons de classe sociale. Mais aussi d’un secret que Malin pressent au sein de sa famille et que nous, lecteurs, espérons découvrir dans le dernier numéro à paraître, en décalage avec nos propres saisons: Printemps…