Une rétrospective par Jean-Pierre Elkabach, écrivain et journaliste
Jusqu’au 26 juillet 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/recherche/rechercheRapide.do?search=pavillon+sessions#a1275902872118]
Musée du Louvre, Pavillon des Sessions, entrée directe par la Porte des Lions (jardin du Carrousel ou quai des Tuileries), 75001
Pour célébrer les dix ans du Pavillon des Sessions, qui a déjà accueilli plus de 6 millions de visiteurs en dix ans, Stéphane Martin (Président du musée du quai Branly dont le Pavillon est une antenne) a invité Jean-Pierre Elkabach à retracer l’entrée des arts dits primitifs dans l’histoire muséographique occidentale. L’occasion de (re)découvrir ce formidable écrin architectural qui met en valeur l’évolution du regard occidental sur la sculpture mondiale.
Inauguré en avril 2010, le Pavillon des Sessions est né de la passion de l’ancien Président de la République, Jacques Chirac, pour les arts premiers, de l’expertise de Jacques Kerchache (1942-2001), responsable de la sélection des 108 chefs-oeuvres, et de la puissante esthétique de Jean-Michel Wilmotte qui a conçu l’architecture du lieu.
L’éminent journaliste et écrivain Jean-Pierre Elkabach (né en 1937 à Oran) enrichit le parcours de l’exposition par une sélection de récits, d’images d’archives et de séquences filmées qui entrent en résonnance avec les oeuvres exposées.
Six ans avant l’inauguration du musée du quai Branly, le Pavillon des Sessions marque un tournant majeur dans le regard que porte l’Occident sur les arts et civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques ancestrales. Si l’art occidental se pensait dominant, ces trésors non-occidentaux représentent tout de même les trois-quarts de l’humanité et 6.000 ans d’histoire mondiale!
Dès 1909, Guillaume Apollinaire estime que « Le Louvre devrait recueillir certains chefs-d’oeuvre exotiques dont l’aspect n’est pas moins émouvant que celui des beaux spécimens de la statuaire occidentale ». Dans une enquête intitulée « Seront-ils admis au Louvre? » (1920), Félix Fénéon s’interroge à son tour.
Jacques Kerchache reprend le flambeau en affirmant en 1986 à la Villa Médicis (Rome): « Je ne pense pas que le Louvre du XXIe siècle pourra être vraiment un grand musée s’il ne comporte pas une section importante consacrée aux arts premiers, dont les sculptures africaines font partie ».
Mais à l’époque, l’idée de faire entrer l’art non occidental dans un grand musée parisien suscite de nombreuses polémiques.
Pour soutenir sa position, le collectionneur J. Kerchache publie en 1990 le manifeste « Les Chefs d’oeuvre du monde entier naissent libres et égaux ». Il rassemble 300 signatures de personnalités artistiques, culturelles et intellectuelles.
Comme le rappelle la deuxième section de la rétrospective, organisée par J.-P. Elkabach.
En 1994, Jacques Chirac offre à J. Kerchache l’opportunité de tâter cette fois-ci le pouls de l’opinion en présentant une exposition au Petit Palais, « L’Art des sculpteurs Taïno, chefs-d’oeuvre des Grandes Antilles précolombiennes ».
Au final, après moults débats et controverses, relayés par les médias, et la volonté de Jacques Chirac « d’engager la France dans un nouveau type de relations avec les pays héritiers de ces civilisations méconnues », La Vénus de Milo et La Victoire de Samothrace cohabitent enfin avec la Maternité rouge Dogon et le Serpent à plumes Quetzalcoatl.
Autre sculpture clé exposée au pavillon des Sessions: la statuette de Chupicuaro (7e-2e siècle av. J.-C.) qui a été la première oeuvre à entrer dans les collections du musée du quai Branly et qui en devenue l’emblème.
Pour ceux qui n’ont pas encore découvert le musée du quai Branly et qui voudraient avoir un aperçu de ce que sont les arts premiers de quatre continents « exotiques », cette rétrospective est l’occasion idéale de se jeter à l’eau! On regrettera simplement que les cartels des oeuvres, apposés sur les murs et non en lien direct avec les objets, ne facilitent pas leur mise en contexte.