Willy Ronis – Une poétique de l’engagement
Jusqu’au 22 août 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-WILLY-RONIS–UNE-POETIQUE-WILLY.htm]
Monnaie de Paris, 11 quai de Conti 75006, 7€
Un voeu posthume. L’exposition consacrée à Willy Ronis devait avoir lieu à la Monnaie de Paris pour célébrer le centenaire de la naissance de l’un des plus grands photographes humanistes (1910-2009). Décédé un an avant l’événement, Willy Ronis reçoit un hommage d’autant plus émouvant grâce à la coopération du Jeu de Paume, de la Monnaie de Paris et de la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, responsable du fonds qu’il a légué à l’Etat français en 1983. Photographies célèbres et inédites se côtoient dans une atmosphère empreinte de nostalgie, chère à Willy Ronis.
Nostalgie n’est pas synonyme de pessimisme. Bien au contraire, Willy Ronis était un homme engagé, qui voulait activement changer le monde. Mais il avait cette sensibilité du regard qui lui faisait se pencher sur ces moments éphémères où des Napolitains sont surpris en train d’enquiquiner un camarade (1938), une Hollandaise est capturée perdue dans ses pensées (1954), trois petits Lorrains encapuchonnés tels des lutins marchent au bord de la route (1954), des Parisiennes admirent les vitrines de Noël boulevard Haussmann (1952).
A l’instar d’Izis, Doisneau et Cartier-Bresson – auxquels la Ville de Paris, qui a été « le décor d’une grande partie de leurs déambulations poétiques » (Alain Dominique Perrin, Président du Jeu de Paume) rend tour à tour hommage – Willy Ronis place l’homme au coeur de son travail. Dans le contexte de l’après Seconde Guerre mondiale, le courant humaniste entend en effet « rétablir la confiance dans la bonté intrinsèque de l’être humain », précise la commissaire de l’exposition, Marta Gili (Directrice du Jeu de Paume, cf. catalogue expo). « Ainsi l’anecdote, la parodie, la tendresse, le raffinement visuel font partie des recours narratifs à la fois refuges et justifications de la photographie humaniste – mais aussi d’une certaine littérature et d’un certain cinéma. »
L’exposition est axée sur les thèmes récurrents de l’oeuvre de Ronis qui commence seulement à être cataloguée tant le fond est riche et varié. Sont à l’honneur les rues de Paris, ses quartiers populaires, les scènes de la vie quotidienne, dominicale et champêtre. Elles constituent autant d’arrière-plans, qui permet au regard poétique du photographe de s’exprimer.
Mais, l’exposition entend également aborder un pan moins connu des centres d’intérêts de Willy Ronis: le travail, le corps en particulier féminin et ses voyages à l’étranger.
Willy Ronis, dont le propre père était photographe, travaille à la fois en tant que photographe reporter indépendant et membre de l’agence Rapho (années 1950), qui contribue à diffuser son oeuvre à l’international. Il voyage à la fois pour des raisons professionnelles et pour satisfaire sa curiosité insatiable. Il parcourt ainsi le monde, de l’Europe de l’Est où il capture l’autre visage de l’Allemage (ex-R.D.A.) à Moscou. De Londres, où il est fasciné par l’ébullition de la ville et le miroitement des publicités lumineuses à Piccadilly Circus, à Volendam où il découvre les habits traditionnels portés par femmes et enfants. De Venise (célèbre cliché Fondamente Nuove, 1959) à l’Ile de la Réunion, où il fait arrêter la voiture dans un virage entre Saint-Pierre et Saint-Paul pour réaliser une image composée comme un « petit tableau de genre » (W. Ronis, Ce jour-là), avec une mère baignant ses enfants dans un cours d’eau.
Engagé politiquement auprès du parti communiste, Willy Ronis n’oublie pas les plus démunis, les travailleurs en grève (usines Citroën, 1938 / Renault, 1950), les miniers de Saint-Etienne (1948), de Lens ou encore les ouvriers de Paris. « Sans être misérabiliste, Ronis ne maquille pas la pauvreté, il ne l’esthétise pas, il ne la glorifie pas non plus », analyse Marta Gili. Ses convictions politiques « ne s’arrêtaient pas à capter ça et là une tranche de vie. Elles l’incitaient au contraire à un engagement actif, que ce soit par la production ou la circulation d’images de la condition et de la lutte ouvrières ».
Willy Ronis refuse systématiquement toute collaboration qui ne respecte pas son droit de regard sur les cadrages de ses photographies et sur leurs légendes. Ce qui lui vaut des difficultés professionnelles et financières. En 1972, il doit quitter Paris pour le Midi où il enseigne, entre autres, à l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon. C’est l’occasion pour le photographe en sursis de réaliser des portraits de nu et de porter son regard sur sa famille: sa femme Marie-Anne et leur fils Vincent. Témoignant « avec une certaine candeur doublée de nostalgie que son intimité participe elle aussi de cette poétique de l’universel dans le particulier (Marta Gili).
Dailleurs Willy Ronis affirmait: « L’aventure ne se mesure pas au nombre de kilomètres. Les grandes émotions ne naissent pas seulement devant le Parthénon, la baie de Rio ou les chutes du Zambèze. L’émotion, si vous en êtes dignes, vous l’éprouverez devant le sourire d’un enfant qui rentre avec son cartable, une tulipe dans un vase sur lequel se pose un rayon de soleil, le visage de la femme aimée, un nuage au-dessus de la maison »…
Un grand moment et de belles rencontres avec les yeux de Willy…….
Merci
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