Le Retour de Mary Poppins de Pamela Lyndon Travers
Les Editions du Rocher, 2010, 304 p., 14,90€
Pamela Lyndon Travers a toujours nié avoir inventé le personnage de Mary Poppins pour les enfants. Et pour cause! Certes, les pouvoirs magiques de la célèbre gouvernante des Banks demande au lecteur un minimum de souplette imaginative. Mais pour comprendre la subtilité de l’humour narratif déployé par l’auteur, encore faut-il avoir dépassé l’âge des couches culottes! Les Editions du Rocher ré-éditent un classique à savourer.
Parue pour la première fois en français en 1934, la dernière édition du Retour de Mary Poppins remonte à 1964 (Hachette). Il était temps qu’elle bénéficie d’un coup de plumeau regénérant. C’est chose faite grâce aux Editions du Rocher qui livrent la toute première traduction intégrale de cette deuxième série des aventures de Mary Poppins.
A la fin du premier volume, Mary Poppins s’envole vers les cieux, emportée par son parapluie orné d’une tête de perroquet. Laissant M. et Mme Banks, Jane, Michael et les jumeaux en plein désarroi. Alors que l’ancienne nourrice de M. Banks, Mlle Andrew, s’invite de manière inopportune chez son ancien poupon, Mary Poppins réapparaît miraculeusement au 17, allée des Cerisiers. Dans son tailleur bleu, ses gants, son indispensable chapeau et son mystérieux médaillon en or, fière comme d’Artagnan de son apparence de « dame comme il faut ».
Naturellement, un conflit d’intérêt s’élève entre les deux gouvernantes. Laquelle des deux saura imposer les principes de bonne éducation à la marmaille Banks, dont le nombre s’élargit à cinq enfants?
Ce deuxième volume de Mary Poppins entraîne le lecteur dans un monde folklorique à la limite de l’ésotérisme. De fait, l’auteur australienne (née à Maryborough en 1899 – Londres, 1996) s’est intéressée aux sciences occultes sous l’influence du poète irlandais George William Russel, inspirateur du mouvement de la Renaissance celtique.
Pas étonnant que dans l’un des chapitres les étoiles s’adonnent à un cirque nocturne en hommage au roi Soleil.
« Orion indiqua l’entrée de la piste. La lumière qui y flamboyait semblait éclipser toutes celles des constellations et des étoiles. Et elle continuait de s’intensifier. – Le Voilà! dit Orion d’une voix étrangement douce. Et pendant qu’il prononçait ces mots, les rideaux s’écartèrent pour laisser place à une haute silhouette d’or, à la chevelure de flammes et au visage rayonnant. Aussitot, une vague de chaleur déferla sur la piste avant de remonter dans les gradins du chapiteau. Assomés par la température, les enfants ôtèrent leurs manteaux. Orion se releva d’un bond et tendit sa main au-dessus de sa tête. – Salut à toi, ô Soleil! clama-t-il. Et toutes les étoiles des gradins reprirent en écho: – Salut à toi, ô Soleil! Ce dernier regarda autour de lui, et, pour répondre aux acclamations du public, fit claquer trois fois son fouet d’or » (p. 189).
Mais, n’ayez crainte, loin d’insuffler de la magie noire, Le Retour de Mary Poppins évolue dans un univers poétique, empreint d’animaux mythiques. P. L. Travers s’est en effet nourrie de ses rencontres avec W. B. Yeats, T.S. Eliot, Gurdjieff et Krishnamurti. Elle a également été rédactrice en chef de la revue Parabola, consacrée à l’étude de la mythologie.
Un classique de la littérature anglo-saxonne à relire de toute urgence!