Fastes royaux – La collection des tapisseries de Louis XIV
Jusqu’au 07 février 2010
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-FASTES-ROYAUX–LA-COLLECTION-FASTE.htm]
Galerie des Gobelins, 42, avenue des Gobelins 75013, 6€
Dans le cadre d’une saison consacrée à Louis XIV (1638-1715), le Mobilier National, au sein de la galerie des Gobelins, exhibe une vingtaine de tapisseries commandées par le Roi Soleil. Elles incarnent autant la richesse de la France que le talent de ses artistes et de ses manufactures. Tissées de fil d’or et d’argent, ces tentures précieuses évoquent un passé glorieux que l’on découvre avec béatitude!
Au cours de son règne (1662-1715), Louis XIV a rassemblé pas moins de 500 tentures comprenant jusqu’à dix tapisseries chacune. Soit plus de 2500 tapisseries des XVe XVIe et XVIIe siècles.
Mécène et collectionneur – comme l’exposition du château de Versailles le montrera (exposition « Louis XIV: l’homme et le roi », 20/10/09-07/02/10) -, Louis XIV développe très jeune un goût pour l’art grâce à l’influence de son parrain, le cardinal Mazarin.
A la mort de ce dernier (1661), le jeune roi de 23 ans prend le pouvoir qu’il voudra absolu. « Je veux à l’avenir gouverner moi-même mon royaume. Je ne veux point de Premier Ministre, je me servirai de ceux qui ont des charges pour agir sous moi selon leurs fonctions et, s’il arrive que j’aie besoin de vos conseils, je vous en demanderai ». Comme il est drôle que l’actualité du XVIIe siècle rattrape celle du XXIe siècle! Mais revenons-en à nos tapisseries…
Louis XIV hérite d’un fonds royal formé à partir de François Ier, estimé à 400 tapisseries dont Les Chasses de Maximilien, Les Mois Lucas, Les Actes des Apôtres, Le Triomphe des Dieux, Scipion. La plupart ont brûlé lors d’un incendie en 1797. Subsistent Les Chasses de Maximilien (musée du Louvre, département des objets d’art) et trois pièces du Triomphe des Dieux dont l’une, Le Triomphe de Minerve, est présentée dans l’exposition. Cette tapisserie illustre l’art des grotesques (appelés ainsi par les Romains qui trouvaient que les caves dont elles recouvraient les murs ressemblaient à des grottes), qui se caractérise par des rinceaux [ornement composé de branches, fruits, etc., disposés par enroulement] avec plantes et animaux.
Henri IV avait favorisé la production de tapisseries, en faisant implanter une manufacture, faubourg Saint-Marcel (Paris XIIIe), en 1607. Puis, c’est au tour de Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), surintendant des Bâtiments, d’enrichir les collections royales en achetant des tableaux. Parallèlement, des tapisseries font leur entrée dans les appartements royaux. Oeuvres qui appartenaient entre autres:
– aux surintendants des finances Abel Servien (1593-1659) et Nicolas Fouquet (1615-1680): tenture de L’Histoire de Vulcain: Neptune et l’Amour plaidant pour la libération de Mars et Vénus, d’après Jules Romain, élève de Raphaël;
– au cardinal Mazarin: L’Acte des Apôtres d’après les cartons de Raphaël, créés pour la chapelle Sixtine du Vatican, achetés par Charles Ier à Gênes qui les fait tisser dans la manufacture de Mortlake, près de Londres dans les années 1630. A la mort de Charles Ier, La Pêche miraculeuse et La Remise des clefs à Saint Pierre entrent dans la collection royale française;
– au cardinal Richelieu: Scipion d’après Jules Romain;
– à la famille lorraine des Guise: Les Chasses de Maximilien et Les Ages des Guise, représentant les différentes étapes de la vie humaine.
Par la fondation des manufactures des Gobelins (1662) et de Beauvais (1664), Louis XIV ouvre la porte à la création de milliers de tapisseries jusqu’en 1715. Citons celles des Saisons de Charles Le Brun (1619-1690) ou L’Automne de Pierre Mignard (1612-1695), toutes deux exposées.
Les tentures impressionnent par leur taille, le détail des motifs et la restauration des couleurs (notamment le rouge de la manufacture des Gobelins). L’exposition s’accompagne de la présentation de quelques pièces de mobilier dont la découverte récente d’une table (les meubles étaient rarement répertoriés dans les collections royales) exécutée pour le château de Marly. Elle est présentée sous une huile de Van der Meulen et réceptionne en son socle un vase Ming, d’un bleu de cobalt exceptionnel.
Une exposition tout en rafffinement qui aurait gagné en clarté si les cartels décrivant avec précision les oeuvres avaient été placés face à elles (et non côte à côte, accrochés au mur), de façon à pouvoir dresser un parallèle mental entre les clés de lecture proposées et l’étude visuelle de la tapisserie.