Chu Teh-Chun et la manufacture de Sèvres
Jusqu’au 7 septembre 2009
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee-DROIT-D-ENTREE-AU-MUSEE-MGUIM.htm]
Musée Guimet, 6,place d’Iéna 75116, 6,50€
Un maître contemporain au musée Guimet, qui plus est le premier artiste français d’origine chinoise à avoir été élu à l’Académie des Beaux-Arts (1997)! Maître réputé dans son pays natal, Chu Teh-Chun vient de passer deux ans à orner 56 céramiques de la manufacture de Sèvres. Une main de calligraphe dont jaillit une composition « de neige d’or et d’azur ».
Le musée Guimet expose dans la Grande Rotonde le résultat lyrique du labeur de Chu Teh-Chun pour maîtriser la couleur et le geste calligraphique sur de la porcelaine de Sèvres.
Agé de 89 ans, le maître sino-français a besoin de silence pour se concentrer sur son oeuvre. Libérant son moi intérieur, Chu Teh-Chun exécute de manière précise un geste graphique, alternant trait liant et tache modulante.
S’inspirant de ses origines au bord du fleuve Bleu et de son attachement à la terre européenne, le maître réduit sa palette à trois couleurs symboliques: le blanc (référence à la porcelaine de Chine), le bleu-saphir (cobalt extrait en Perse) et l’or mat ou brillant (allusion aux anciennes tables royales européennes).
Du semblant de chaos abstrait, né des traces de pinceau, jaillit une lumière qui transporte le spectateur aux confins d’un Orient fantasmé.
Les vases sont exposés dans une ligne d’horizon accidentée, telles les crêtes d’un massif montagneux. Certaines pièces sont déposées en vitrine de manière à pouvoir en faire le tour, en osmose avec la rotation des astres cosmiques. D’autres sont parsemées au sein des collections permanentes afin de les situer en contrepoint des sources d’inspiration de Chu Teh-Chun, notamment les paysages des Song (960-1278). Nature et art sont ainsi subtilement liés dans l’oeuvre picturale du maître sino-français, installé à Paris depuis 1955.
C’est sa rencontre avec l’oeuvre de Nicolas de Staël qui bouleverse son cheminement artistique (1956). Chu Teh-Chun s’éloigne de la figuration pour entrer dans les arcanes de l’abtraction. Un revirement conceptuel qui s’appuie sur sa pratique de la méditation.
Dans les années 1970, le peintre module son emportement lyrique en visitant le Rijksmuseum (Amsterdam) et en découvrant Rembrandt. Il synthétise son approche en mêlant le réalisme teinté de mystère du peintre hollandais à la poésie de la peinture Tang (VII-VIII siècle).
Cette influence cosmopolite donne naissance à un art fluctuant entre les traditions asiatique et occidentale. Il génère chez le spectateur un acte de contemplation active. La dynamique des traits, la légèreté de la composition et la pureté des couleurs libèrent une énergie transcendante.