Dürer, Rembrandt, Goya, Toulouse-Lautrec…
Jusqu’au 14 janvier 2024
Petit Palais, avenue W. Churchill, Paris 8e
Le Petit Palais consacre une exposition à son impressionnante collection d’estampes composée de 20.000 oeuvres, dont 200 trésors sont ici présentés, offrant un large panorama du XVe au XXe siècle.
Albrecht Dürer, Adam et Eve, 1504, Gravure sur bois, Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de Paris © Paris Musées / Petit Palais
Le Petit Palais conserve aujourd’hui 50.000 oeuvres, dont 30.000 oeuvres d’art graphique. Sur les 20.000 estampes, 12.000 ont été offertes par les frères Auguste et Eugène Dutuit, historien de l’art et collectionneur.
Théophile Alexandre Steinlen, Vagabond sous la neige, 1902-1903. Eau-forte sur zinc tiré sur papier vergé Arches filigrané, Petit Palais,musée des Beaux-arts de la Ville de Paris, Paris, France © Paris Musées / Petit Palais
À l’ouverture du musée, en 1902, le premier directeur Henry Lapauze, décide de créer au sein même du Petit Palais un musée de l’Estampe moderne (inauguré en 1908). En quelques mois de nombreuses donations affluent. Les artistes et leur famille s’empressent de faire entrer leur nom dans la postérité : Buhot, Bracquemont, Chéret, Steinlen, Toulouse-Lautrec…
Le parcours se déploie suivant ces deux axes : la donation E. Dutuit et le musée d’Estampe moderne. Pour se terminer sur les acquisitions nouvelles, qui font dire à l’actuelle directrice Annick Lemoine que le « Petit Palais est un musée vivant ».
La première section dévoile des oeuvres sorties tout droit des réserves, où elles sont conservées en raison de leur extrême fragilité, comme les estampes de Dürer (1471-1528) – le musée en possède 264 -, les eaux fortes de Jacques Callot (1592-1635) et un mix des deux techniques avec Rembrandt (1606-1669) et Goya (1746-1828).
Eugène Dutuit recherchait des oeuvres « au pedigree rare », telle La Pièce aux cent Florins de Rembrandt, à la taille exceptionnelle (50 cm de large), qui appartenait à Dominique Vivant Denon, premier directeur du musée du Louvre.
Au-delà des donations, Henri Lapauze collecte les estampes commandées et éditées par la Ville de Paris dont Le Triomphe de l’Art, d’après Bonnat, enrichi de son dessin préparatoire et de sa matrice gravée.
Frits Thaulow, Hiver en Norvège, 2e moitié du XIXe siècle, eau forte en couleurs sur vélin, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, France © Paris Musées / Petit Palais
Des paysages en couleur, offerts par le marchand d’art et éditeur Georges Petit, illuminent la fin de l’exposition. Citons le soleil du soir qui se reflète sur La Neige en Norvège de Johannes Grimelund (1842-1917), Les Barques au soleil couchant d’Alphonse Lafitte (1863-?) ou encore La vue du port de Toulon d’Eugène Dauphin (1857-1930).
Odilon Redon, La cellule auriculaire, lithographie publiée dans « l’Estampe originale » – Deuxième livraison (avril-juin 1893),1893, lithographie en manière noire, Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, France © Paris Musées / Petit Palais
Le fonds d’estampe s’est élargi de 1289 oeuvres entre 2013 et 2023 dont 1136 sont issues du fonds d’atelier de Pierre Roche (1855-1922) – consultables sur le portail des collections de Paris Musées. Parmi les acquisitions récentes figurent trois contre-épreuves de pastel de Renoir, La Cellule auriculaire d’Odilon Redon ou encore Le Panneau décoratif pour la 2e livraison de L’Évangile originale d’Henri Rachou (1856-1944).
Après « Graver la lumière » au Musée Marmottan, le Petit Palais poursuit la redécouverte de l’art de l’estampe, tout en mettant en valeur la richesse de son fonds. Les outils des différentes techniques de cet art graphique sont présentés dans de jolies vitrines en bois. À la fin du parcours, un support multimedia permet de réaliser une eau-forte numérique. Les enfants ne sont pas oubliés grâce aux petits encarts sous les oeuvres qui apprennent à ouvrir l’oeil. Une exposition familiale très bien conçue.
