L’estampe en 100 chefs-d’oeuvre, de Dürer à Picasso
Jusqu’au 17 septembre 2023
Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis Boilly, Paris 16e
Bien que les oeuvres soient majoritairement en noir et blanc, l’exposition présentée par le Musée Marmottan d’une sélection d’estampes de la Fondation suisse William Cuendet & Atelier de Saint-Prex est lumineuse. À découvrir avant de prendre la route des vacances !
L’exposition présente des oeuvres du XVIe au XXIe siècle et met en avant, à travers un parcours thématique, les différentes techniques de la gravure : bois gravé (Albrecht Dürer), burin (Lucas de Leyden), pointe sèche (Pierre Tal Coat), manière noire ou mezzotint (Jacques-Fabien Gautier-Dagoty), eau-forte (Le Lorrain), vernis mou (Gérard de Palézieu), aquatinte (Francisco Goya), lithographie (Odilon Redon), cliché-verre (Camille Jean-Baptiste Corot).
« Chaque technique est un langage différent », commente Florian Rodari (conservateur de la Fondation William Cuendet & Atelier de Saint-Prex), commissaire de l’exposition. On peut ainsi comparer les oeuvres au burin de Dürer versus les eaux fortes de Rembrandt.
Si l’imprimerie a permis la diffusion des textes, la gravure a initié la multiplication des images. Au point de servir de propagande comme en témoignent les portraits royaux, typiques du style classique français. Les oeuvres de Robert Nanteuil, Claude Mellan, Jean Morin, Claude Gelée dit Le Lorrain, se caractérisent toutes par l’équilibre de la composition et la noblesse des visages portraiturés.
La section suivante évoque la mode du védutisme ou restitution par l’image gravée des monuments historiques découverts par les premiers touristes fortunés, qui rapportaient chez eux des vues stylisées, aux données topographiques parfois erronées, de Venise (Canaletto) ou de Rome (Piranèse).
Le parcours enchaîne sur des représentations de paysages, d’époques variées. On y admire autant La Masure de Camille Pissaro (1879), que La Strada bianca de Giorgio Morandi (1933), ou encore une vue de Berlin de Nicolas Poignon (1999).
Deux estampes se distinguent par leur gamme chromatique : Intérieur en tentures roses I (1899) d’Édouard Vuillard et La Petite Blanchisseuse (1896) de Pierre Bonnard.
Ces touches de couleurs tranchent avec la force du noir et blanc des Boxeurs de Théodore Géricault (1818), du combattant abattu de Manet dans Guerre civile (1871) ou du cheval ailé Pégase captif de Redon (1888).
Image clé du parcours, la Sainte Face (1649) de Claude Mellan, sert de lien avant d’entrer dans le détail des différentes techniques de la gravure. Cette oeuvre offre la prouesse d’avoir été réalisée sans que le graveur n’ait levé son outil, en déroulant une seule ligne à partir du nez.
La dernière partie rappelle que l’héliogravure à grain est l’ancêtre de la photographie. Les images d’Edward Steichen (The Flatiron, New York, 1905), de Charles Nègre (Cathédrale de Chartres, 1856-57), et de Jon Goodman (Lone Tree, North Canyon, 1991) figurent parmi les pépites de cette section finale.
Une exposition pointue qui permet de découvrir toutes les nuances des techniques de la gravure, peu connues du grand public.
Ping :Trésors en noir & blanc Petit Palais