Jusqu’au 28 mai 2023
#ExpoKimono
@quaibranly
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris 7e
Le musée du quai Branly accueille l’exposition itinérante du Victoria & Albert Museum (Londres) sur le kimono [« la chose que l’on porte sur soi »]. Un vêtement traditionnel japonais, immuable, selon l’interprétation occidentale, alors qu’il s’est adapté à l’histoire de la société et de la mode, au Japon, comme ailleurs. Une vision renversante !
Dans une scénographie qui reprend au début du parcours l’étroitesse des ruelles de Kyoto – centre originelle de production du kimono de luxe -, l’exposition explore la richesse des tissus, des motifs et des couleurs des kimonos japonais.
Composé de plusieurs couches (sous-vêtements par dessus lesquels on porte le kimono resserré au centre par une ceinture large appelée obi et sur lequel on ajoute en hiver un surkimono), le kimono est porté par tous, sans distinction de sexe et de classe sociale, à la période Edo (1603-1868).
À partir du XVIIe siècle, la mode vestimentaire distille l’idée que ce que l’on porte définit son statut social. « Les kimonos les plus luxueux », précise la so British Anna Jackson (conservatrice en chef du département Asie du V&A) « sont portés lors des mariages, lorsque l’on s’affiche en société. »
Au XVIIIe siècle, Edo (l’actuelle Tokyo) vole la vedette à Kyoto car, au-delà d’être la ville la plus peuplée du monde, elle développe une culture du divertissement et de l’érotisme (connue sous le nom de monde flottant ou ukiyo) qui nécessite l’usage de kimonos. Des estampes montrent les prostitué.e.s et les acteurs de Kabuki, portant des kimonos raffinés, aux intérieurs rouges – symbole de désir – que l’on laisse apercevoir délicatement en relevant le bas de son kimono.
Au XXe siècle, on trouve des kimonos dans toutes les boutiques occidentales. C’est un habit très à la mode que l’on porte comme vêtement d’intérieur, par les femmes comme par les hommes. Au Japon, les kimonos se vendent également dans les magasins de prêt-à-porter, à un prix plus abordable que leurs antécédents faits sur mesure.
Une petite salle aux jeux de miroirs reflètent ce sentiment d’abondance comme on en voit dans les grands magasins. La modernité du Japon se révèle dans les motifs : loisirs (jardinage, plage), premier vol Tokyo-Londres, moyens de transport (train, avion), nationalisme (navire de guerre).
Après la défaite japonaise de la Seconde Guerre mondiale, l’aura du kimono décline, y compris au Pays du Soleil Levant. Il n’est porté que lors des célébrations telle la première visite d’enfant au sanctuaire shinto (omiyamairi) ou lors de la fête des 3-5-7 (shichigo-san) quand les parents emmènent leurs enfants de 3 ans, leurs garçons de 5 ans, et leurs filles de 7 ans au sanctuaire pour prier pour leur santé et leur bonheur.
Le kimono connaît un renouveau après les années 1950 grâce à l’industrie du divertissement (musique, cinéma). Des kimonos sont portés par les artistes comme Freddie Mercury ou David Bowie.
La dernière section présente les créations des designers, qui en font un véritable vêtement de mode. Tel le Nigérien Duro Olowu, qui combine le kimono avec la buba (habit traditionnel yoruba).
Une exposition qui renouvelle brillamment l’image du kimono, de surcroit très bien mise en scène, avec une continuité entre les kimonos exposés et ceux montrés dans les estampes. Well done !
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