Festival – Exposition, performance, film
Jusqu’au 22 mai 2022
#FataMorganaJDP
@jeudepaume
Jeu de Paume, 1 place de la Concorde, Jardin des Tuileries, Paris 1er
Le Jeu de Paume lance son premier festival « Fata Morgana ». Titre lié au phénomène optique éponyme, qui fait apparaître des mirages au-dessus de l’eau, dénommé ainsi depuis le 16e ou le 17e siècle en référence au nom italien de la fée Morgane, qui avait le pouvoir de commander aux vents et de faire flotter son château…
Ce phénomène permet d’observer des reflets déformés de bateaux ou de maisons au-dessus de l’eau, en raison de la réfraction de la lumière à travers l’atmosphère.
Le festival se veut ainsi une réflexion sur les relations entre l’image, la réalité et sa perception. Il constitue également un work in propgress, un premier accrochage éphémère ayant été proposé au printemps 2021, puis lors de la Nuit blanche à l’automne, et dans chaque podcast mensuel proposé pour découvrir les coulisses du projet.
Voici une sélection d’oeuvres qui m’ont interpellée.
Marina Gadonneix (née en 1977, travaille à Paris) donne à voir les traces laissées sur les cimaises des oeuvres retirées ou de celles à venir en modifiant les conditions de montage d’une exposition par des photographies surexposées, laissant parfois apparaître le laser de sa caméra.
Raphaël Lecoquierre (né en 1988, vit à Bruxelles) repeint une colonne et une cimaise de l’espace – agréablement bien plus lumineux que d’habitude car des fenêtres ont été dégagées -, selon la technique égyptienne antique de la fresque, à partir de photographies de famille dont il ne reste que des fragments de couleur.
Özgur Kar (né en 1992, vit à Amsterdam) représente sur un écran LCD des silhouettes humaines blanches, confinées dans un cadre noir, rendant paradoxale l’idée que les écrans numériques ouvrent sur un autre monde.
Diane Severin Nguyen (née en 1990, vit à Los Angeles et New York) photographie des montages de matériaux abandonnés (aiguilles à coudre, bonbons fondus, coquilles brisées) devenus méconnaissables.
Stéphanie Solinas (née en 1978, vit à Paris) confronte deux écrans, l’un montrant un coucher de soleil, l’autre une lune montante, avec en voix off l’interview d’un dirigeant d’un institut de cryopréservation. Le spectateur se trouve comme suspendu dans les airs à méditer sur la finitude humaine.
Béatrice Balcou (née en 1976, vit à Bruxelles) réalise une performance secrète (non dévoilée le jour du vernissage presse) autour d’une sculpture en bois d’Ann Veronica Janssens, Le bain de lumière (1998). Elle a également capturé des insectes qui mangent régulièrement les peintures des musées pour les positionner sous verre, avec le titre de l’oeuvre qu’elles ont ingérée !
Ilanit Illouz (née en 1977, vit à Paris et Nogent-sur-Marne) recouvre ses photographies de la nature d’une couche de sel de la mer Morte, qui s’est asséchée dans les années 1970. Mémoire, oubli, conservation, disparition sont les thèmes abordés par son oeuvre à la fois visuelle et sculpturale.
Plutôt sceptique à mon arrivée, au fur et à mesure de ma progression dans le parcours, j’ai été conquise par les propositions de ces artistes contemporains d’offrir une vision décalée de notre réalité.