Sculptures du sud-ouest du Congo
Jusqu’au 10 avril 2022
Musée du quai Branly – Jacques Chirac, Paris 7e
L’exposition « La part de l’ombre. Sculptures du sud-ouest du Congo », présentée au musée du quai Branly – Jacques Chirac, expose une sélection d’oeuvres particulièrement originales et méconnues, comme le suggère le surtitre de l’exposition.
Le parcours rassemble 160 oeuvres, principalement des masques et statues de cérémonie, aux côtés de quelques objets usuels, essentiellement à base de bois, fibres végétales et textiles.
L’exposition se concentre sur la partie sud-ouest du Congo car ce vaste territoire, encore peu étudié, présente déjà une grande diversité culturelle. Les productions des ethnies Yaka, Pende, Tshokwe, Suku, et celles des groupes moins connus Yanzi, Buma, Lyembe, Sakata, ou Mbala foisonnent de créativité.
La première section expose des pièces emblématiques liées à la fonction du mukanda ou rite d’initiation des jeunes garçons. Parmi celles-ci, une oeuvre singulière se détache : un masque pwo de l’ethnie Tshokwe (daté d’avant 1948) qui matérialise l’ancêtre féminin et tient lieu d’émissaire des mères dont les garçons participent au rite d’initiation.
Face à ce masque féminin, parmi des oeuvres aux traits essentiellement masculins, figurent deux fabrications chimériques (cf. à droite de la photo ci-dessus) réalisées à partir de branches, tronc ou racines, et dont les fourches naturelles ont permis aux tailleurs de sculpter un homme ou un animal.
Autre oeuvre originale : une statue quadriface incarnant deux couples ayant fusionné ; « une représentation rare dans le sud-ouest Congolais », explique Julien Volper (conservateur au musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren, Belgique), commissaire de l’exposition. « Cette statue serait un exemplaire atypique de mudzirr – terme à mettre en relation avec le mot nzer (foudre) – et utilisée en temps de guerre », ajoute-t-il.
La section suivante développe les usages de la statuaire en bois sud-congolaise concernant les rites de pouvoirs incluant l’anti-sorcellerie ou la guérison. Ces statues dotées d’un seul oeil, pied ou oreille matérialise l’incomplétude, l’inachevé et représente une métaphore de la faiblesse des patients à traiter.
On remarque également une statue Pende dotée d’une coiffe d’autorité cachée dans la pièce secrète d’un chef (dans laquelle même son épouse n’a pas accès) et qui lui sert de protection. Mais gare à lui s’il n’applique par les lois communautaires, elle aurait le pouvoir de se retourner contre son propriétaire !
Des armes, outils et des objets usuels (pendentifs en ivoire, peignes, appuis-nuques, sièges) surmontés de têtes anthropomorphes complètent ce panorama. Il s’agit d’objets beaucoup moins connus et étudiés par les scientifiques que les masques mais tout aussi surprenants.
L’exposition permet non seulement d’appréhender la richesse des créations plastiques dans cette région du Congo mais elle met à l’honneur la statuaire en bois ; voilà qui ne pouvait que me ravir !