Marc Riboud – L’Instinct de l’instant
Jusqu’au 26 juillet 2009
Musée de la Vie romantique, 16, rue Chaptal 75009, 7€
« Mon obsession: photographier le plus intensément possible la vie la plus intense. C’est une manie, un virus aussi fort pour moi que le réflexe d’indépendance. » Le célèbre photographe français Marc Riboud, aujourd’hui âgé de 85 ans, expose 50 ans de photographies au musée de la Vie romantique. Des vintage inédits côtoient ses derniers clichés couleur sur la victoire de Barack Obama. Un fabuleux voyage à travers le temps et les continents.
Une centaine de photographies de Marc Riboud (né en 1923, à Lyon) s’inscrivent dans le cadre à la fois désuet et coquet de l’Hôtel particulier Scheffer-Renan qui abrite le musée de la Vie romantique.
La majorité des oeuvres exposées constitue des tirages vintage – contemporains à la prise de vue -, en noir et blanc, et présente une version inédite d’images aujourd’hui emblématiques. Telles que Le Peintre de la Tour Eiffel (1953) ou La Jeune fille à la fleur (Washington, 1967).
Fils spirituel de Henri Cartier-Bresson avec qui il a souvent correspondu, Marc Riboud développe un sens aigu de l’instantané. Michel Frizot, historien de la photographie, relève: « S’il ne déclenche pas à propos, tout se dissout instantanément. Il revient au photographe de déterminer sans tarder ce qui peut prendre sens au terme de la formalisation, de la mise en forme, de l’image fixée et permanente. » Cependant, « il ne suffit pas d’être un passant avisé, il faut extérioriser son propre étonnement. L’un ne se révèle pas sans l’autre » (extrait du catalogue de l’exposition).
Ainsi, Marc Riboud laisse-t-il libre cours à son « instinct de l’instant » pour observer la surface étonnante des choses. De son oeil incisif et amusé, il repère un sac plastique posé sur une table de marbre en Chine et y voit une tête de lapin entouré de la nature – représentation qui pourrait correspondre à la vision asiatique du cosmos (Le petit lapin, Shanghai, 2002). Le photographe s’amuse encore du jeu de mains de Japonaises ou du derrière rebondi d’une Cubaine!
Précipité sur le feu de l’actualité, Marc Riboud participe aux manifestations contre la guerre du Viêt-Nam à Washington (1967) et témoigne des lancers de pavés parisiens (1968). Comme il sait s’attarder sur des paysages grandioses asiatiques (Huang Shan, Les Trois Pics, 1985) aussi bien qu’européens (Réflexions au bord d’un canal, Pays-Bas, 1994). Les stars (Yves Saint-Laurent, Paris, 1964) comme les inconnus (Ouvrier dans un atelier, Cuba, 1963) attirent avec un même degré d’attention son regard épris d’humanité.
Entre 1971 et 1979, Marc Riboud devient président de la légendaire agence photographique Magnum. Mais, il reste avant tout un globe-trotter infatiguable, qui aime être en cavale. Dernièrement, il s’est rendu à Pékin où il a témoigné des transformations urbaines pour accueillir le site des Jeux Olympiques et aux Etats-Unis pour suivre la victoire de Barack Obama.
En 2002, l’artiste reçoit le prix Life-Time Achievement à New York pour l’ensemble de son oeuvre.
Une très belle exposition, en particulier dans sa première partie. Loin d’être une nostalgique, les oeuvres en noir et blanc m’ont pourtant parues plus poétiques et percutantes que celles en couleur.